"- Dis-moi petit, t'aimes mieux ton père ou ta mère ? - J'aime mieux le lard ! "
De cette plaisanterie troublante entendue dans mon enfance, je vais donc m'inspirer pour me livrer sous vos yeux à un exercice périlleux : comparer l'incomparable.
10 heures de travail harassant effectuées un jour férié ne sont pas étrangères à l'éruption de cette idée étrange. Je vous serai donc bien obligée d'être compréhensifs si je tombe du trapèze, et si mes mots sont chétifs comme un vieux lion gâteux de cirque.
Ce soir donc, chers amis, nous allons comparer 3 natifs du "if", j'ai nommé :
- le château d'If
- Négatif de Benjamin Biolay
- If de Etienne Daho et Charlotte Gainsbourg
Je n'y suis pas (non, ce soir je suis tout près de Christophe Maé qui va faire tomber la pluie et la grippe A sur le champ de Mars), et pourtant c'est tout comme si j'y étais. A Marseille, le soleil est insolent et la mer est bleue marine. Au Vieux Port, des hordes de touristes envahissent en riant de petits bateaux qui flanchent sans se plaindre. Des appareils photos suspendus à leur cou et à leurs poignets basculent au dessus de l'eau alors qu'ils se ruent sur des bancs de bois trop étroits pour eux. Leurs cuisses nues se touchent et se caressent entre elles mais ils sont trop tendus vers l'horizon pour en être offusqués ou excités. Le Château d'If au loin les appelle. Ils rêvent aux fantômes d'illustres bagnards et se racontent encore tout haut les histoires d'un comte qu'ils n'ont lues qu'à moitié il y a plus de vingt ans.
Les exploits d'Edmond Dantès sont rabattus et écorchés pendant que le bateau démarre.
A bord, il n'y a pourtant personne pour penser au rhinocéros indien qui fit escale en 1516 sur l'îlot d'If, avant de faire naufrage et de se noyer dans le golfe de Gênes après avoir repris la mer.
Pauvre rhinocéros "Gravé pour longtemps dans les récifs" comme dirait Benjamin Biolay dans l'album et le titre Négatif.
C'est en 2003. Biolay a le visage de la beauté et la douleur n'est pas gravée sur ses traits. En 2003, des jeunes filles du 16eme arrondissement ondulent sur ce qu'elles prennent pour des balades, et rêvent peut être d'épouser ce mélancolique garçon de bonne famille. Parce qu'il ira mieux bientôt et aussi, parce que sa souffrance est jolie.
En 2009, Biolay boit sûrement trop. Son regard et son ton n'ont plus l'ambiguïté des débuts. Les jeunes filles du 16ème arrondissement se sont fiancées, et frémissent rétrospectivement en entendant "Mais mort ou vif, je reste négatif". Ce soir, elles onduleront plutôt en écoutant Christophe Maé qui certes, s'attache, s'abandonne et s'empoisonne... mais fait ça proprement et de loin.
Il est 20h16. J'aimerais que quelque chose vienne soigner la peine que m'ont inspirée les rimes en if de Benji. Alors, je me tourne vers If d'Etienne Daho. Plus que le rythme folichon de cette vieille balade pop et entraînante, deux choses réparent mon coeur :
- la beauté de Charlotte Gainsbourg (ce qui suppose de regarder la chanson plus que de l'écouter)
- la parfaite ressemblance entre Etienne Daho et mon ostéopathe qui serait à tous points de vue l'homme de ma vie s'il n'était pas irrésistiblement gay.
Mon osthéopathe est sublime, et a un nez tout à fait imposant qui ajoute à sa beauté. A l'évoquer, mon esprit vagabonde et s'apaise. Et pendant que me viennent ces mots "C'est un roc !… C'est un pic !… C'est un cap !… Que dis-je, c'est un cap ?… C'est une péninsule !", ce n'est plus dans mes yeux l'ostéopathe, mais le chateau d'If qui apparaît sur son rocher.
Aussi clair que dans mon enfance, lorsqu'on me racontait sous le soleil de Marseille une plaisanterie qui disait :
"Dis-moi petit, t'aimes mieux ton père ou ta mère ?
Aujourd'hui, pas de divagations intimes à vous proposer.. mais un billet ultra-corporate.
Vous vous souvenez peut-être que, sous l'effet d'une prédestination patronymique, je travaille pour la marque Chupa Chups.
Chupa Chups, marque vénérable dont la nouvelle mascotte et égérie, Chuck, m'avait profondément émue l'année dernière dans ce spot quasi mythique.
En Chuck, je me reconnaissais un peu au club Wahou.
Mais pardonne moi, voilà que je repars dans des considérations trop personnelles.
Bref, voilà que de ses terres anglo-saxonnes, Chuck a immigré dans nos contrées, prônant l'indifférence et le flegme comme philosophie de vie. Mais pour évangéliser la France avec son nouveau way of life, Chuck avait besoin d'ambassadeurs de choc.
Et c'est ainsi que d'extraordinaires blogueurs sont intervenus. Mettant en scène l'attitude ultime à adopter en cas de Looze.
Vous l'aurez compris grâce à leur incommensurable talent : pour peu qu'on ait une Chupa Chups à la bouche, on peut affronter sans ciller les lose les plus compactes.
Mieux encore : la lose, ça peut rapporter gros. En racontant la sienne, on peut gagner un an de Chupa Chups sur le site Tranquille la vie.
La maternité ne va jamais sans un certain gâtisme.
D’après le RPCA’s Anatomy : «Lors de l'accouchement, la libération d’ocytocine (hormone de l’euphorie) s'accompagne régulièrement d'une ablation des organes appelés décence et discernement. S'ensuivent une série de comportements étranges mettant en péril la vie sociale de la parturiente».
Alors, puisqu'une de mes amies les plus chères est désormais enceinte. Et parce que plus le temps passera, plus l'encerclement progressera, il m'a semblé nécessaire de mettre au point une charte.
A faire signer à vos amies primipares le plus en amont possible, et à ressortir au moment opportun pour sauvegarder vos yeux, vos oreilles et votre belle amitié.
1. Je ne parlerai pas en son nom
"Je m'appelle Tartenpion, je pèse 3 kilos 5 et mesure 55 centimètres". Pourquoi diable s'engager systématiquement sur ce terrain ? A t'on déjà vu un nouveau-né mou comme un filet de veau occupé à se jauger avec sa petite toise et sa petite balance, avant de prendre son feutre et sa photocopieuse pour rédiger un faire part ?
Je ne crois pas.
Alors arrêtons tout de suite avec cet animisme de mauvais aloi. Restons réaliste.
Etre réaliste, c’est aussi éviter de prendre votre enfant comme prétexte pour parler de vous. Par exemple "Je suis arrivé(e) ! Papa et Maman sont fous de joie et resplendissants". Pourquoi un nouveau-né innocent mentirait il déjà si effrontément, lui qui aurait du dire "Maman a le teint vert, le ventre gros et mou et s'assied sur une bouée" ?
Pourquoi serait il également nostalgique, comme vous le prétendez ? A peine 24 heures d’existence et déjà en plein flash-back : "Je m'appelle Tartenpion, je viens de passer 9 mois au chaud. Il fait un peu froid dehors mais je vous fais pleins de bisous quand même". Bien Tartenpion. Et si maintenant tu nous racontais à quoi ressemblent les spermatozoïdes de ton Papa ?
Vraiment, soyez patient. Votre enfant parlera à 2 ans, comme tout les autres (ou à 4 ans, comme Einstein). A ce moment là, vous serez libre d’agir comme ces horribles parents qui confient le message de leur répondeur à leur progéniture ("Allooo? Papa il est pas là. Tu laisses un message?").
D’ici là, contentez-vous de la réalité. Mais sans pour autant vous sentir obligée de basculer dans un réalisme à la Zola. Ce qui sera l’objet du point suivant.
2. J'éviterai les détails crus
Ca commence innocemment avec le récit de l'accouchement. Ca bascule très rapidement dans le film d'horreur gonzo. On a beau se réjouir (ou non) de la venue au monde d'un nouvel être, on se passerait volontiers de la durée du travail, des points de suture, des dilatations à 12, des projections diverses et des destinées placentaires.
Certains croiront qu'il ne s'agit que d'un mauvais moment à passer. Pourtant non, il n'y aura pas de lendemains qui chantent. Car l'épisiotomie cicatrisée, le nouveau sujet tendance sera le rythme digestif du chérubin.
Les parents égarés insisteront pour prendre en photo l’ innocente (?????) régurgitation de Tartenpion sur votre épaule. Et vous appelleront sans doute pour vous donner des nouvelles du pot. Incapables de comprendre qu’entre l’intestin d’un adulte et l’intestin de Tartenpion, il y un élément commun qui pose également problème : l’intestin. Justement.
Si vous êtes enceinte, concentrez-vous pour ne pas basculer. Le meilleur moyen est de ne jamais commencer à aborder ce genre de sujets. Jamais.
3. Je ne chercherai pas à convertir mes proches à ma nouvelle religion
Tout le monde sait qu'un nourrisson est ignoble, presque autant qu'un obèse chauve et édenté resté trop longtemps à tremper dans un bain.
En général, tout le monde le sait SAUF la mère du nourrisson, persuadée que sa progéniture est l'Elu faisant exception à la règle, et décidée en conséquence à annoncer au monde la bonne nouvelle.
A cause de cette effrayante mystique prosélyte, des personnes innocentes ou inconnues se trouvent inondées d'albums photos, et de mails emplis de menaces à peine voilées sur ce qui les attend si elles ne gémissent pas des Ooooh et des Aahhh en face du Kojak cataleptique.
Faut il obéir, faut il perdre son âme en cédant à la terreur? L’Histoire a prouvé que l’entrée en résistance était la seule solution dignement possible : notifiez votre expéditrice comme SPAM.
4. Je n’essaierai pas d’inséminer les autres femmes
Vous avez montré de la réticence à vous inscrire à la page Facebook "Léa c'est la plus chou des chou-bidou-bidou". Vous n'avez pas relancé la discussion quand elle s'est engagée sur le degré de résistance des Pampers. C'est sûr, vous n'êtes qu'une infâme jalouse stérile et acariâtre. Pourtant pas revancharde face à votre impardonnable amertume, la jeune mère, au lieu de vous négliger, va tenter de vous convertir. De manière plus ou moins pernicieuse.
Soit en déclinant pour vous les joies immenses de la maternité : amour, tendresse, mamelons crevassés, réveils nocturnes, passage dans le monde adulte.
Soit en vous couvant de son regard marial et sincèrement peiné de vous voir ignorer la divine expérience de mettre bas. En substance, son attitude vous informe que, sans enfant, vous êtes à peu près aussi incomplète et pathétique que si vous n'aviez jamais connu l'orgasme. Justement. Si ses allusions vous dérangent, n'hésitez pas à prendre des nouvelles de sa rééducation périnéale.
En conclusion, il est évident qu’une dépression post-partum murant les jeunes mères dans le silence et l'isolement est un scénario tout à fait idéal. Mais puisque ce mal n’est statistiquement pas si répandu, je crois que ces 4 commandements, bien respectés, sauront nous éviter le pire.
Avez-vous remarqué comme la vie de mortel est inéquitable ?
Il y a nous, les communs. Les petits.
Insignifiants à côté de ceux qui détiennent l’allure et le courage.
Comme les créateurs d'Alibi-béton.com. Par exemple.
Et dire qu'avant le dernier numéro de L'Express consacré à l'infidélité, j’ignorais leur existence… Un numéro d’exception, s’il était besoin de le rappeler, qui laisse présumer de la bonne santé mentale de la presse de droite. Dans le dossier central, le site Alibi-béton s’était glissé entre deux conseils d'élite pour les apprentis-amants. Des recommandations subtiles et inattendues, comme effacer ses SMS de marivaudages érotiques, ou ne pas téléphoner à son époux(se) depuis la porte d'embarquement du vol Paris-Honolulu en prétendant être coincé en réunion.
On comprend que ceux qui se soient sentis instruits par de telles informations aient besoin d’avoir recours à un service de justificatif d’absence pour assurer leur couverture (= Alibi Béton, donc).
D’ailleurs, loin de moi l’envie de remettre en question une telle institution. Ou de vous accabler d’une moralité roide, m’inscrivant en faux contre les mariages ratés, les lits malheureux, les tentations mal-assumées d’ailleurs, ou la cruelle duplicité.
Non. Ce qui m’intéresse, c’est la grâce avec laquelle la société Alibi-béton s’est essayée à transformer son métier de gratte-papier de la coucherie en œuvre poétique et éthique. Une intention habitée qui mue en merveille comique ce qui aurait dû être simplement sinistre.
Le présupposé idéologique 1 :
Le slogan d'Alibi Béton : "Vivez vos envies sans compromettre vos amis". Oui, qu'on se défasse de nos préjugés, l'infidèle est un être profondément habité par l'idée de Morale.
Ce n'est pas l'idée d'être démasqué par son compagnon ou sa compagne officiel(le) qui le motive à payer entre 12 et 55 euros pour une note de restaurant, un billet de train ou un appel de fausse secrétaire. Mais uniquement l’envie d’épargner à ses proches les éclaboussures habituelles des ruptures : les yeux qui ne savent pas quoi répondre à un « Tu savais ! » lacrymal et accusateur ; les terribles prises à partie et les nécessaires enrôlements du côté du traître ou du trahi…
N’allez pas croire que cette formule pourrait être traduite par « Vivez vos envies sans prendre le risque d’être trahi par vos amis ». Malheureux ! Chez Alibi-béton, l’intégrité en amitié des clients, prime de loin sur leur instinct de dissimulation.
Le présupposé idéologique 2
« NE DETRUISEZ pas votre vie de famille, notre imagination peut sauver votre mariage ».
Cette phrase magnifique en exergue du site Alibi-béton mérite bien à elle-seule une analyse de texte. Faisons un exercice ensemble, voulez-vous ?
- Analysez dans cette phrase ce qui, d’après Alibi Béton, est susceptible de détruire ou de mettre en péril la vie de famille : l’infidélité en elle même ou la maladresse dans l’art du mensonge ?
- Montrez quelle solution ultime Alibi Béton propose pour sauver mariage et vie de famille. Proposez-en d’autres.
- Nommez le procédé qui permet à Alibi Béton de faire appel dans la même phrase à l’image du Sauveur et à celle de l’Artiste ? Livrez vos sentiments sur l'attribution respective des rôles.
Le présupposé idéologique 3
La philanthropie bien sûr. Alibi-béton est avant tout une œuvre charitable et humanitaire.
« PAS VUS, PAS PRIS ...... QUI DIT MIEUX, AU MEILLEUR PRIX !!!! » comme ils disent.
C’est vrai que ce n’est pas beaucoup d’argent pour tellement de bonheur. Un peu comme une cotisation à l’UMP, en fait.
Ah non, ça n’a rien à voir. Pardon.
Le bouquet final
A votre avis, quel est le point commun entre « le tact », « la discrétion », « la modernité » et « la simplicité » ? Le service premium d’Alibi béton, bien sûr !
Oui, celui qui permet de faire annoncer par un tiers – par courrier, téléphone ou face à face— des « nouvelles » telles que Grossesse, Naissance, Séparation, Divorce ou Licenciement.
Vous avez vraiment l’esprit mal placé de voir dans cette offre lâcheté, humiliation ou couardise abominable….Ca ne serait vraiment pas gentil. Alors qu’Alibi Béton se donne un mal fou pour respecter la tonalité que vous aurez choisie pour votre annonce : "doux / compatissant, d’une manière neutre ou d’une manière dure / impitoyable" !
J’ai presque envie de me commander « un licenciement impitoyable pour cause de grossesse avec un divorcé ». Juste pour la joie qui montera en entendant mon téléphone sonner.
Il y a un an et demi, Vincent Moon s'invitait avec Arcade Fire dans la fosse d'un Olympia bondé pour un Concert à Emporter renversant. A revoir les images de ce Wake Up surprise, et les sourires ébahis des gens autour, la même chair de poule continue de s'inviter sur mes bras.
Et si je n'ai vécu ce moment que par procuration, c'est peut être mieux. Y assister m'aurait sans doute rendue complètement maboule.
Ce que j'ignorais, c'est que non contents d'être présents à L'Olympia, Vincent Moon et Vincent Morisset avaient aussi suivi Arcade Fire pendant l'enregistrement et la tournée de leur dernier album Neon Bible.
Ils en présentent aujourd'hui un film documentaire appelé Miroir Noir.
Des images entre installation d'art contemporain et esthétique super 8 nostalgique et presque kitsch. Des interprétations secrètes puis scéniques de leurs titres. Une intimité perchée, des mauvais caractères affleurants, des mises en scènes minutieuses entrecoupées de voix fantomatiques laissées sur un répondeur...
C'est un peu étrange, ça soulève de terre, et c'est visible par tous gratuitement pendant une semaine sur l'excellente Pitchfork TV avant d'être en vente ici.
De quoi vous permettre de découvrir, si ce n'est déjà fait, un groupe absolument majeur parmi les vivants.
Tiens, j'en parlais justement ce matin avec le blogueur qui fait trembler Wikio dans son slip : avec mon mètre 90 skinny, j'ai une allure globale de grande saucisse.
Une dégaine qui n'avait pas échappée à la belle-mère de ma meilleure amie quand j'étais ado.
Elle était restauratrice.
And she had a dream : me faire déambuler dans les rues d'Aix-en-Provence habillée en hot-dog. Pour recruter de nouveaux clients. Bien sûr j'ai refusé.
Je ne serais pas loin d'admettre que c'est ce jour là que j'ai compris le sens du mot dignité. Et aujourd'hui, je te l'avoue, rien de rien, je ne regrette rien.
Car quand on est un homme sandwich, qu'on soit habillé en séchoir, en perceuse, ou en téléphone portable, c'est rigolo, mais on a l'air golio.
Démonstration par Lapeyre en mars 2009 (mais en exclusivité, oui Monsieur)
Yelle avait déjà exploité l'idée en juillet 2007
Ce qui ne veut pas dire que Lapeyre ait un an et demi de retard.
Ca, vois-tu, ça s'appelle seulement la "Maturité créative dans le merveilleux monde de la com' et des annonceurs".
Une bonne idée trop en avance, tu perds.
Une bonne idée trop à la bourre, tu perds aussi.
Alors, où se situe Lapeyre (pas de jeux de mots, on a dit) dans tout ça ?
A la Saint-Valentin, des rubriques cadeaux dédiées aux zélateurs de Cupidon pleuvent sur les sites internet marchands. Et sont une source de joie inextinguible, même des semaines après le 14 février.
Regardons par exemple la sélection judicieuse proposée par le site Cadeaux.com.
Parmi la foule de présents qui mériteraient qu'on s'y attarde, deux ont particulièrement retenu mon attention : Le Briquet gravé et les Boules de Pétanques gravées.
Face à ces deux monuments du romantisme, mon coeur balance.
Voici donc un match pour les départager.
Il n'en restera qu'un. Oui, mais lequel ?
Le briquet gravé :
Sortir un zippo pour allumer son cigarillo, bien sûr, c'est la grande classe. Imaginez en fond une musique de Siergo Leone, et immédiatement, cet accessoire apparemment innocent transforme votre vie en western spaghetti.
Imaginez en plus si le dit-briquet est gravé d'un portrait. Car c'est bien ce que vous propose le site Cadeaux.com en attendant de mourir du cancer : customiser votre briquet avec le faciès de votre âme soeur, de Clint Eastwood ou de votre défunt chiwawa Loki (Mickey Rourke, si tu nous entends)....
Depuis le tatouage, on avait vraiment rien inventé de mieux pour garder ses idoles sous la main.
Pas de panique pour ceux que l'art figuratif rebuterait ! Le site propose aussi de faire graver un message plutôt qu'un portrait. Et suggère en exemple la dédicace "Eric tu es ma flamme". Un jeu de mot irrésistible, qui pourrait aussi bien fonctionner avec "tu es le feu sous la glace", ou encore "tu es le bec bunsen sous la tartiflette".
En définitive, et malgré ses allures bon-enfant, ce cadeau serait presque plus engageant qu'une bague au doigt. Finies les interventions héroïques auprès des jeunes et jolies fumeuses vous demandant du feu! Inutile de vouloir l'utiliser pour allumer d'autres femmes que votre compagne, ce briquet ne vous servira plus qu'à faire briller les chandelles des vos dîners en tête à tête!
La boule de pétanque gravée :
Est ce le succès de la série "Plus belle la vie" qui a motivé cette mise en avant du kit du parfait bouliste? Difficile à dire ! En tout cas, ces boules de pétanque garantissent un effet de surprise que peu de cadeaux sauraient assurer.
Et les yeux éberlués de votre compagnon, ça, ça n'a pas de prix (si, 49,90 €, en fait).
Niveau jeux de mots potentiels, difficile de départager ce cadeau du briquet gravé. "Tu aimes mes boules?", "Tu tires ou tu pointes?", il est en effet un prétexte fabuleux pour les calembours les plus élégants. Un présent qui devrait faire mouche si votre compagnon a des liens de famille avec Jean Marie Bigard.
Pour vous aider à trancher, laissons le mot de la fin au talent descriptif du site, qui n'hésite pas à présenter ces boules comme "Aussi techniques que poétiques".
C'est marrant, on l’aurait pas dit comme ça.
A bien y réfléchir, je me demande quand même si ce n'est pas sur ce même site que ma mère avait trouvé le pot-pourri qu’elle m’a offert à Noël 1999, ainsi que le bol breton et les ronds de serviette de mes 20 ans.
Edit : Comme le signale Guillaume "il existe aussi des briquets boules, imagine le combo de dingue!!". Je ne peux qu'approuver avec admiration !
Tu te souviens quand The Buggles chantaient "Video kill the radio star"?
Il a fallu 25 ans pour que l'évidence m'apparaisse.
C'est vrai: en vidéo ou en concert, on voit apparaître la tête qui se cachait jusqu'alors (et parfois fort à propos) derrière la bande FM.
Et cette apparition peut être fatale.
Quelque fois, tu as envie de hurler "Nooooon, pas ça !!! Par pitié!".
Quelques fois même, tu t'évanouis.
Tu doutes de moi ?
Tu trouves que cette note commence par des arguments bien fallacieux ?
Et bien, pense à Céline Dion-Gremlins pour t'en convaincre.
Et si tu fais des cauchemars cette nuit, tu l'auras bien cherché.
Et puis laisse moi continuer.
Je m'apprêtais justement à te dire "qu'importe le tromblon pourvu qu'on ait l'ivresse" !
La musique transfigure !
Elle redonne gloire et beauté aux esthétiquement délaissés, et sait faire passer l'infâme pour un beau gosse fatal.
Mec, si tu crains, monte un groupe.
1. Commence par te choisir un Saint Patron vintage.
Ringo Starr des Beatles par exemple.
Une vraie face de rat.
Et pourtant, tu imagines le nombre de strings que ce mec a reçu sur la tête?
2. Réunis ta bande de pote
N'y va pas avec le dos de la cuillère. Il faut que ça brille. Il te faut au moins un gros, un acnéique sévère, un autre doté d'un appareil dentaire, et enfin une crevette. S'il arrive qu'on vous jette des cailloux quand vous vous déplacez en groupe, vous tenez un truc.
Si par malheur, un de tes amis est plutôt joli, sacrifie-le. Le Rock reconnaîtra les siens.
3. Utilise des machines de geek
Fais des sons avec ton ordi, ta Casio, ton Atari, ton sabre Star Wars... tout ce qui a des grosses touches et que tu as longtemps préféré à la compagnie humaine.
4. Utilise ton don
Tu sais, celui à propos duquel ta mère disait "si les autres se moquent, c'est qu'ils sont jaloux". Par exemple bouger ton corps comme un épileptique. Ou ta fameuse voix de fausset qui fait que la boulangère t'appelle encore "Mademoiselle" malgré ton ardent duvet.
5. Déchaîne la blogosphère
Là, ça demande un peu de talent quand même. Si tu n'en as pas, passe à l'étape 6. Ou retourne à l'étape 1. Ou va sur Meetic. Oh, je sais pas. Laisse moi.
Bref, là, à l'étape 5, tu deviens la coqueluche de Pitchfork.
6. Tombe le masque... et ramasse
La hype te précède, et tu parcoures toutes les scènes underground d'Europe. Sur ton passage, des it-girls canons hurlent de trop vouloir ton corps. Ayant perdu tout discernement devant ta lyre d'Apollon, elles rigolent même aux quotes de gros nerd à propos de Twitter que tu glisses entre deux chansons.
Tu es cute, tu es sexy, tu es aussi incontrôlable qu'Ignatius Reilly.
Tu es une caresse, pour les yeux et les oreilles.
Tu as réussi.
Cette note est en hommage à la plus grosse bande de geeks jamais vue sur scène : les brillantissimes Passion Pit, feu d'artifice visuel tout droit sorti d'une scène de SuperGrave.
Avec un très très grand merci à Cyrille et Cédrick !
Benjamin Button, le film aux 13 nominations aux Oscars.
Du presque jamais vu. On murmure que de nouvelles catégories d'Oscars auraient même été créées pour l'occasion.
En avant première, pour toi, en voici le détail. (Ne panique pas, je ne révèle pas la fin du film).
Oscar du film le plus insoutenablement long de l'histoire du cinéma
Exceptionnellement, dans cette catégorie, Benjamin Button récolte deux nominations
Nomination 1 : 2h35, c'est long. Surtout avec Cate Blanchet customisée en père Fourras dans le rôle de "la narratrice" à l'article de la mort. Comprendre : Cate geint avec une voix d'outre-tombe pendant la moitié du film "rraaah je respire mal. rrraaahh redonne moi de la morphine. rrraaaah j'ai fait pipi dans ma Libra". Bon, c'est bon, Cate. L'Actors Studio c'est bien. Mais parfois, il faut savoir s'économiser.
Nomination 2 : La scène du bal en solo. Si tu n'as pas vu le film, tu as au moins aperçu ce passage dans la bande annonce. Cate Blanchet fait une démonstration de danse en contre-jour à son Benjaminou, qu'elle a déjà passablement saoulé de mots tout au long de la soirée. Dix minutes d'entrechats accompagnés de poncifs susurrés sur le sexe et le désir. Tout en regardant sa montre, on hésite entre l'insoutenable et le grotesque. Même Benjamin en perd toute envie de transformer l'essai.
Oscar du film à l'intrigue molle
Pour citer ma Valentine chérie, à l'issue du film, grande est la tentation de dire aux deux héros "Super ta vie!".
Bien qu'une existence humaine ne soit pas forcée de ressembler à la vie de Jack London, le parcours des héros est tout particulièrement dénué d'intérêt. Pour le dire mieux : il ne se passe rien.
Heureusement qu'on peut compter sur les effets spéciaux pour se divertir un peu (plutôt que sur le jeu d'acteur d'un Brad Pitt plus morne qu'une racine en solde):
- Ah tiens, des rides !
- Ah, il n'y aurait pas un peu moins de rides ?
- Ah si si, y a des rides, là !
- Ah bon, t'es sûr ?
- Sinon, je t'ai pas dit : hier j'ai mangé des haricots mungo.
Oscar du thème le plus conformiste au monde
Si l'on considérait que le cinéma est une école de la vie, voici quel serait le message clé du film Benjamin Button :
Si tu sembles plus vieux que ta promise, ou s'il arrive que ton mari passe pour ton fils, ton histoire d'amour sent le roussi.
Enjeu qu'on peut également résumer poétiquement ainsi : "Si tu n'as pas d'anti-rides, jette toi dans le vide".
Que la différence d'âge dans un couple n'ait pas eu bonne presse à l'époque où Fitzgerald écrivit sa nouvelle, on peut le concevoir. Mais pourquoi avoir inscrit dans un cadre contemporain ce conformisme social d'un autre âge ? La question reste, mes chers amis, hélas sans réponse.
Peut être que David Fincher avait négocié avec l'agence Blue un partenariat avec le Syndicat des Chirurgiens Esthétiques, et que celui ci a raté au dernier moment ?
Ah, l'advertainement, ce n'est plus ce que c'était.
Il parait que Brad Pitt a failli être également nominé pour l'Oscar de la voix la plus monocorde de l'histoire. Malheureusement, Christian Bale lui aurait arraché le titre in-extremis pour sa prestation dans Batman.
En bref, courrez-voir Benjamin Button.
Ah non, mince, ce n'est pas ce que je voulais dire.
Alzheimer sans doute.
Allez, je m'auto-spoile. Tu n'auras même pas besoin d'attendre la fin de cette note pour avoir la réponse à la question du titre : Oui, Madonna, il fallait l'inviter chez Vuitton.
Car grâce à elle, une marque de luxe inaccessible s'offre enfin au commun des mortels/pauvres en déclinant des valeurs universelles : l'humour, la dérision, le ridicule. J'aime cette générosité. J'aime cet instinct prolétaire.
1- La grande classe
C'était lundi matin. J'avais faim. Et puis, en ouvrant une newsletter "tendance", je suis tombée nez à nez sur l'entrejambe de Madonna. Et j'ai perdu l'appétit.
Oui, je commence par ce point là, non pas que je sois obsédée ou pudibonde. Tu le constateras toi même, la culotte en dentelle est le point focal de cette photo, la convergence obligée par deux cannes résillées. Puisque le regard y est forcé, parlons simplement de la concavité suggérée.
Madonna, offerte sur la banquette, franchit un pas de plus dans l'exhibition de son corps vieillissant. Forçant celui qui l'observe à constater sa lutte opiniâtre et perdue contre les ravages du temps. Jouant l'indécence et l'obscène pour appeler un désir triste comme un control-freak. Harnachée à une culotte rouge sinistre comme un drapeau de rédition. Pathétique comme l'aveu d'avoir vu filer le temps où, like a Virgin coppolienne, une culotte en coton et des jambes croisées auraient suffi à soulever les enthousiasmes virils.
2- Tu t'es vue quand t'as bu ?
Annule ce que tu viens de lire, je me suis trompée. En fait, Madonna n'est pas impudique.
Elle a seulement perdu sa jupe dans l'agitation d'une soirée un peu trop arrosée.
Ca va. Ca arrive à tout le monde.
Et puis, c'est pas le moment de la chercher sous la banquette, ça fait trop mal à la tête.
Le regard vif comme un poisson mort, le crâne tenu douloureusement, la Ciccone interroge la carafe d'eau en se demandant si ce liquide peut vraiment la sauver.
C'est trop tard, Mado. L'eau, il fallait y penser avant les 38 vodkas red-bull.
Et puis, le coma éthylique te sied bien. Je ne connaissais pas jusqu'alors la belle placidité de ton visage, toute habituée que tu es à offrir au monde le spectacle exclusif de tes amygdales. (On ne peut pas repenser sans douleur à la pochette de Hard Candy, monument hard core).
3- La rédemption par la traction
Qui n'a jamais cru qu'un footing allait entraîner une résurrection post gueule de bois jette la première pierre à la Madone. Vautrée sur son canapé, Madonna s'improvise McGyver du sport en salle. Un sac Vuitton + un escarpin de catin = une série de tractions SQUAT, exercice redoutable pour éliminer une nuit d'ivresse et se remettre la pêche.
Avant de te ruiner en achetant une Wii Fit, pense bien à tout ce que tu pourrais faire avec ton sac à main.
4- L'ambiance
Elle n'a pas de maison ou quoi, la Madonna, pour squatter au café après la soirée ?
L'endroit est vraiment sympa, il faut dire.
Par contre si tu veux y boire un verre, il faudra aller jusqu'à Los Angeles, au restaurant Figaro.
Oui, aux Etats Unis.
Pourtant, c'est fou comme c'est bien fait : on se croirait vraiment rue Saint Denis !
Au seul détail près, que jamais notre beau Sarko, tout people qu'il soit, ne tolérerait un tel racolage passif.
PS : Tribut amoureux à Olivier Nicklaus des Inrocks, auquel j'ai emprunté le principe d'analyse d'image de la page "ActuStyle" .