"- Dis-moi petit, t'aimes mieux ton père ou ta mère ?
- J'aime mieux le lard ! "
De cette plaisanterie troublante entendue dans mon enfance, je vais donc m'inspirer pour me livrer sous vos yeux à un exercice périlleux : comparer l'incomparable.
10 heures de travail harassant effectuées un jour férié ne sont pas étrangères à l'éruption de cette idée étrange. Je vous serai donc bien obligée d'être compréhensifs si je tombe du trapèze, et si mes mots sont chétifs comme un vieux lion gâteux de cirque.
Ce soir donc, chers amis, nous allons comparer 3 natifs du "if", j'ai nommé :
- le château d'If
- Négatif de Benjamin Biolay
- If de Etienne Daho et Charlotte Gainsbourg
Je n'y suis pas (non, ce soir je suis tout près de Christophe Maé qui va faire tomber la pluie et la grippe A sur le champ de Mars), et pourtant c'est tout comme si j'y étais. A Marseille, le soleil est insolent et la mer est bleue marine. Au Vieux Port, des hordes de touristes envahissent en riant de petits bateaux qui flanchent sans se plaindre. Des appareils photos suspendus à leur cou et à leurs poignets basculent au dessus de l'eau alors qu'ils se ruent sur des bancs de bois trop étroits pour eux. Leurs cuisses nues se touchent et se caressent entre elles mais ils sont trop tendus vers l'horizon pour en être offusqués ou excités. Le Château d'If au loin les appelle. Ils rêvent aux fantômes d'illustres bagnards et se racontent encore tout haut les histoires d'un comte qu'ils n'ont lues qu'à moitié il y a plus de vingt ans.
Les exploits d'Edmond Dantès sont rabattus et écorchés pendant que le bateau démarre.
A bord, il n'y a pourtant personne pour penser au rhinocéros indien qui fit escale en 1516 sur l'îlot d'If, avant de faire naufrage et de se noyer dans le golfe de Gênes après avoir repris la mer.
Pauvre rhinocéros "Gravé pour longtemps dans les récifs" comme dirait Benjamin Biolay dans l'album et le titre Négatif.
C'est en 2003. Biolay a le visage de la beauté et la douleur n'est pas gravée sur ses traits. En 2003, des jeunes filles du 16eme arrondissement ondulent sur ce qu'elles prennent pour des balades, et rêvent peut être d'épouser ce mélancolique garçon de bonne famille.
Parce qu'il ira mieux bientôt et aussi, parce que sa souffrance est jolie.
C'est en 2003. Biolay a le visage de la beauté et la douleur n'est pas gravée sur ses traits. En 2003, des jeunes filles du 16eme arrondissement ondulent sur ce qu'elles prennent pour des balades, et rêvent peut être d'épouser ce mélancolique garçon de bonne famille.
Parce qu'il ira mieux bientôt et aussi, parce que sa souffrance est jolie.
En 2009, Biolay boit sûrement trop. Son regard et son ton n'ont plus l'ambiguïté des débuts. Les jeunes filles du 16ème arrondissement se sont fiancées, et frémissent rétrospectivement en entendant "Mais mort ou vif, je reste négatif". Ce soir, elles onduleront plutôt en écoutant Christophe Maé qui certes, s'attache, s'abandonne et s'empoisonne... mais fait ça proprement et de loin.
Il est 20h16. J'aimerais que quelque chose vienne soigner la peine que m'ont inspirée les rimes en if de Benji. Alors, je me tourne vers If d'Etienne Daho. Plus que le rythme folichon de cette vieille balade pop et entraînante, deux choses réparent mon coeur :
- la beauté de Charlotte Gainsbourg (ce qui suppose de regarder la chanson plus que de l'écouter)
- la parfaite ressemblance entre Etienne Daho et mon ostéopathe qui serait à tous points de vue l'homme de ma vie s'il n'était pas irrésistiblement gay.
Mon osthéopathe est sublime, et a un nez tout à fait imposant qui ajoute à sa beauté. A l'évoquer, mon esprit vagabonde et s'apaise. Et pendant que me viennent ces mots "C'est un roc !… C'est un pic !… C'est un cap !… Que dis-je, c'est un cap ?… C'est une péninsule !", ce n'est plus dans mes yeux l'ostéopathe, mais le chateau d'If qui apparaît sur son rocher.
Aussi clair que dans mon enfance, lorsqu'on me racontait sous le soleil de Marseille une plaisanterie qui disait :
"Dis-moi petit, t'aimes mieux ton père ou ta mère ?
J'aime mieux le lard ! "
Tel le ressac de la molle méditerranée venant s'échouer à tes pieds, j'ai envie de faire "clap... clap... clap !"
Rédigé par : cyrille | 22 juillet 2009 à 15:38
Curieux, je pensais avoir laissé un commentaire qui n'a visiblement pas été affiché (je déteste les redites) : dans mon petit placet, je voulais simplement dresser un ode généreux à toutes les femmes qui adressent une promotion sincère de leurs convictions intellectuelles et militantes; je disais ainsi cela : vivent les néo-platoniciennes humanistes !
Rédigé par : Jourdan | 26 juillet 2009 à 00:20