Il y aurait une façon de voir le nouveau clip de Shakira comme parfaitement naturel.
Et puis, il y aurait une autre façon qui pousserait à s'interroger sur son sens.
Si plein d'énigmes.
Réfléchissons ensemble, tu veux bien ?
Shakira - Did It Again (Official Video) HQ
envoyé par wonderful-life1989. - Regardez plus de clips, en HD !
Le clip commence ainsi : Shakira, regard coquin et velouté, balance soudain à la face de la caméra (avec approximation, tout de même) un projectile textile.
Image suivante : un homme en pleine sieste devient la nouvelle victime du brutal lancer.
Mais quel est donc ce projectile qui, comme le bouton rouge atomique, est à l'origine de la rixe musicale la plus absurde de la création ?
Un gant de toilette ? (message implicite : Va te laver, infâme)
Une chaussette ? (Tu ne ramasses jamais tes affaires ! Je romps.)
Tablier ? (Puisque c'est ainsi, je rends mon tablier, gourgandin)
Quel que soit l'objet du délit, une chose est sûre : ça va partir en sucette.
Le clip se poursuit avec une bagarre capoeriste sur matelas (qui a eu l'idée? qu'en penserait Kayne West?).
Le fait qu'il y ait un chorégraphe professionnel derrière les différents enchaînements proposés est particulièrement appréciable. Car certains sont très réussis : lorsque l'homme fait rouler Shakira comme un saucisson lyonnais, ou lorsqu'il se démet la tête contre le bord du matelas, par exemple. C'est d'une sensualité brute jamais égalée.
Choc esthétique d'accord, mais surtout métaphore. Ne nous égarons pas. Ces images soumises à notre libre interprétation ont forcément une signification.
Quelques pistes d'interprétation:
Piste 1 : le conflit et la lutte physique sont caliente ? A voir le visage et les poses suggestives de Shakira entre deux prises (et les 69 han-han du fond sonore), on comprend que le front-kick fait un bien fou à la libido. On m'annonce en régie que Bertrand Cantat confirme.
Piste 2 : une métaphore de la guerre des sexes ? Ils se rapprochent, ils se déchirent. Mais ne serait ce pas l'éternelle histoire du couple, du conflit entre l'homme brutal et la femme sentimentale ? Le réalisateur a l'élégance de ne pas signifier qui sort vainqueur du clash. Mais mon Dieu, nous ne sommes pas dupes: mammifères pensants, nous ne sommes promis qu'à un éternel recommencement ("Did it again, love, I got it all wrong" approuve Shakira).
Piste 3 : un symbole du sexe comme performance athlétique ? Brouette thaïlandaise, collier de Vénus, et autres voltiges Kama-sutriennes sont de la petite bière pour Shakira, qui ne se déplace qu'en cas de saltos, roulades et grands-écarts. Un optimisme physique qui la place au dessus du commun rhumatismal des mortels, et promet l'extase au partenaire suffisamment acrobate.
Pour opposer qu'il n'est pas besoin d'être gymnaste pour se faire mal, je citerais bien une punchline de Booba qui parle d'hernie discale, mais on risque de m'opposer que ce blog RPCA devient vraiment n'importe quoi (un blog d'agence, rappelons-le. Titi, big up).
Piste 4 : un simple signe que Shakira en a assez de manger ses cheveux.
Dans notre quête de sens, Shakira nous aide en nous donnant à voir les deux flancs de sa pièce. D'un côté le pugilat, de l'autre la terre d'harmonie saphique : le hammam. Enfin, le hammam....
Ce pourrait être aussi un jour de manifestation CFDT (rapport à la fumée des merguez qui plane), ou un jubilé de Philippe Candeloro (rapport à un maquillage qu'on ne commet sans honte ni danger qu'en patinage artistique). Si vous n'y voyez pas d'inconvénients, on dira quand même qu'il s'agit d'un hammam.
Shakira s'éclate, chante, se frotte. Ses amies ont l'expression neutre des chauffeurs de bus pour malades mentaux (je ne parle pas d'Emile Louis). On peut comprendre, ça ne doit pas être évident de se taper une hystérique tous les jours, non plus.
Voilà, on arrive à la fin du clip et ce n'est pas glorieux.
Shakira s'est bagarrée avec un homme, ennuyée avec des filles : les interactions humaines sont dans l'impasse.
Et c'est alors que nul espoir ne semble plus permis, que la solution apparaît (2min43) : Shakira choisit l'autosatisfaction et la copulation solitaire. Un mime intriguant qui prêche ostensiblement qu'on n'est jamais aussi bien servi(e) que par soi-même.
Sinon, dans le clip, il y aussi des geishas qui jouent du tam-tam, Shakira qui porte des dread-locks et une robe Pimkie, une image subliminale avec pleins de cheveux (2min48), et l'impression que la première parole de la chanson est "Krisprolls".
Mais j'ai beau réfléchir, je ne comprends pas.
Je comprendrai peut être un jour.
Je changerai peut être même d'avis sur ce clip.
Tout évolue en ce bas monde.
Pour preuve, hier j'écrivais une charte à l'usage des femmes enceintes, dédiée à mon adorée amie Valentine de RPCA. Aujourd'hui, il n'en reste qu'un amour et un gâtisme absolus à l'égard de son fils nouveau-né Oscar-Usher Bardin.
Renégate : le poids des mots, le choc des photos .