RPCA le blog

Baston macaron

Dans la grande dynastie des macarons, quelques pâtissiers se partagent le pouvoir et la gloire : Ladurée, Pierre Hermé, sans oublier l’inénarrable Dalloyau et son macaron Cognac Fine-Champagne.

Dans ce monde aux papilles sans merci, l’arrivée de nouveaux-venus se regarde toujours avec un mélange d’appétit et de suspicion.

Aujourd'hui, voici Pain de sucre et Exceptions Gourmandes, deux pâtisseries qui s’affrontent quotidiennement à quelques centaines de mètres l’une de l’autre, dans les ruelles du Marais parisien.

Pain de sucre : Dans la vitrine, de grands vases de verres exposent des cubes de guimauves fondantes et pastelles. A l’intérieur, on trouve des collections de pâtisseries fantaisistes, des petits pains salés aux mélanges délicieusement étranges (ex : pommes, lardons, pruneaux…) et bien sûr des macarons. 10 parfums. Tous inouïs. Le menthe-chocolat te donne VRAIMENT l’impression de croquer une feuille de menthe fraîche. Le caramel beurre salé est lui, l’alliance parfaite entre la texture et la pureté des saveurs. Et le citron est fin comme un zeste juste coupé. Du grand art chaque semaine renouvelé. Aujourd'hui par exemple, la nouveauté est un macaron passion-chocolat au lait. J'ai faim.

Exceptions Gourmandes : le célèbre pâtissier Philippe Conticini (ayant notamment officié à feu-la Pâtisserie Peltier) vient d’ouvrir une boutique appelée Exceptions gourmandes. Dans un mouchoir de poche, on y retrouve du nougat au couteau, des caramels, du chocolat au marteau, des brioches aux sucres, des kouign amann, et des macarons célébrés partout comme l’œuvre du messie. Des parfums simples (citron, framboise, chocolat, caramel…) et quelques-uns plus originaux (noix/café, noix de coco), existent en version mini ou maxi. Je suis nâvrée de vous l’apprendre, mais mon incursion en ces lieux fût une déception. Des macarons un peu trop gras, au goût sans charme vraiment précis. Le citron par exemple, rappelle la tarte meringuée de la boulangerie de Johnny. Le caramel, le carambar de la cour de récré. Des parfums trop quotidiens pour qu’on en ait l’esprit marqué, ou même seulement perturbé.

Adresses :
Pain de Sucre
14, rue Rambuteau
75 003 Paris
http://www.patisseriepaindesucre.com

Exceptions Gourmandes
4 place du Marché Sainte-Catherine
75004 Paris

Episode 3 : Léopard contre chacal

Le léopard n’est pas nécessairement le prétexte à de terribles tensions opposant hommes et femmes, et aux accusations croisées de mauvaise foi.
Au contraire, le fameux imprimé peut également être une source de complicité et de partage. Comme dans le cas de Gaëtan, qui nous dévoile de manière éclairante son intimité mouchetée : «le léopard, c'est sur mes fesses avec mon boxer favori, ou sur la tête de Ju (non pas avec mes fesses mais avec ses lunettes) pour les grands soirs».
Au delà de cette connotation réjouissante et positive du léopard, ce témoignage de Gaëtan est important parce qu’il nous apprend que le félin se porte aussi, sans complexe, au masculin.

Pour certain, comme Alexandre, le port du léopard est une chanson de geste, récit héroïque d’un anti-conformisme rayonnant et d’une affirmation de soi triomphante. Avant de commencer à parler léopard, Alexandre cite d’abord un passage de Sailor et Lula de David Lynch :

Guy fooling around:
“You look like a clown in that stupid jacket.”
Sailor:
“This is a snakeskin jacket...It's a symbol of my individuality and my belief in personal freedom.”

Et il continue ainsi :
"Oui je le concède ici, j’adooooooore dès que je peux sortir de la norme et mettre une chemise avec un motif léopard, zébré ou un peu clinquante ou originale genre Versace. Les gens me regardent en se disant: “mais quelle vulgarité !”.

En y réfléchissant bien, je crois que rien ne peux me rendre plus heureux. Je crois finalement qu’en plus de la vraie rigolade d’entrer dans la peau d’un personnage, porter une chemise léopard me permet de mesurer ce qui me différencie vraiment de tous ces gens dont la seule obsession pourrait se résumer en une phrase: je me gomme donc je suis.
Je m'oppose à cette volonté qu’on les gens de ne pas faire de vague et de toujours veiller à ce que leurs voisins n’en fassent pas non plus, pour toujours éviter de prendre le moindre risque, s’engager vers l’inconnu. C’est vrai, on est si bien dans son petit canapé avec sa petite télé et sa jolie voiture... Quel malheur si on les perdait ! On risquerait de perdre du même coup son identité fondée sur l’inertie et l'absence de risque.

Pour ma part je crois, et Sailor me rejoindra sur ce point, que le seul vrai risque dans la vie serait de ne pas en prendre. Ca peut commencer par jeter des dès, aller séduire une femme qui n’est même pas censée poser les yeux sur vous, ou pourquoi pas, par porter des fringues que le commun des mortels français ne porterait pas, par peur d’être pris pour un fou. Sincèrement, que pourrait-il arriver de mieux à l'homme qu’être pris pour un fou ? Qu’être une surprise pour lui-même? 
Aujourd’hui, l’obsession de la sécurité a remplacé la vaillance. La raison a remplacé la témérité ! Comme dans la pub Skoda, on envie son voisin d’avoir une jolie voiture toute neuve ! Quelle tristesse ! Quel manque de panache !

Alors oui je porte parfois une chemise léopard et pour moi c’est un manifeste. J’adore que les hommes incolores, inodores et sans saveur me toisent.

Continuez je vous en supplie, c’est mon moyen de VOUS sélectionner. En attendant je sais qui peut dire: c’est le symbole de mon individualité et de ma foi en la liberté personnelle”.

Alexandre pense à du Lynch.
A le lire me revient aussi cette phrase du prince Guiseppe Tomasi, reprise plus tard par Visconti :  «Nous fûmes les Guépards, les Lions ; ceux qui nous remplaceront seront les petits chacals».   

Et pour finir ce dernier épisode des «3 jours de la panthère», je voulais à nouveau remercier tous ceux qui y ont généreusement participé : Alexandre, Gaëtan, JB, Cyrille, Serge, Adrien, Guillaume, Valentine, Thierry et Manue.

Episode 2 : Sexuality de Tellier, sur fond de léopard

Face à des hommes conspuant l’imprimé léopard, il fallait connaître l’avis de femmes.
Puisque chez RPCA, celles-ci sont partout, le terrain d’enquête léopardien fut l’agence, sous le haut-patronage de Thierry Meunier, résumant parfaitement l’enjeu modeux d’un: "le léopard, ça peut être trop beau. Mais c’est extrêmement glissant".

Et effectivement, si le total-look peut s’afficher sans peur et sans reproche en couverture de Vogue, il supporte mal le passage au monde réel… ou reste alors circonscrit aux abords de la rue Saint-Denis.

Toutes les filles interrogées ici l’admettent : la demi-mesure est reine sur l’imprimé, et le léopard intégral est une abomination, un crime impardonnable contre la mode.
Pour Emmanuelle, "rien de tel qu’un détail panthère ! Petit foulard sur une tenue toute noire, gants accompagnant un gros manteau, ou ballerines sur des collant très noirs, la petite touche peut être très élégante, à condition d’être portée avec une tenue sobre...".
Le léopard  serait donc un accessoire beau et plein d’allure. Quand on connaît la grande inégalité de la "conscience modeuse", on comprend que cette dimension esthétique ait pu échapper à la gente masculine.

Mais pour Valentine, le tollé qu’a rencontré le léopard auprès du jury blogueur est surtout le signe d’une mauvaise foi terrible. Car l'imprimé félin a selon elle une vocation universelle : être sexy.  "J'ai une jupe entièrement panthère, et aussi des escarpins léopard à très hauts talons et gros nœud rouge... J’adore ce côté sexy et félin... Les hommes sont les premiers à fantasmer à propos d’accessoires très fétichistes comme les talons aiguilles, les bas, etc...et maintenant ils critiquent le léopard ? Ils ne sont pas cohérents pour un sou!".

Pour les filles interrogées, la mission est claire : faire voler en éclat le bouclier de bonne conscience masculine révélé hier et permettre à la vérité nue d’éclater. Selon elles, il ne fait aucun doute que l’homme déguise ici son appétit pour le léopard derrière des arguments fallacieux et malhonnêtes.

Emmanuelle l’explique simplement : "Oui, le total look est le comble de la vulgarité. Et bien que les hommes bannissent cette vulgarité, ils ne peuvent s’empêcher d’en être profondément excités. Une total panthère fait "fille de mauvaise vie", donc potentiellement fille facile. Un amalgame irrésistible!".

Propos d’hallucinées totales ou intuition féminine perçant à jour des hommes qui renieraient leur animalité sous un vernis de conscience sociale ? Il est tentant de pencher pour la deuxième solution, et suivre ainsi les traces d’un léopard faisant tourner les têtes et réveillant les instincts primaires. Une thèse que semblerait d’ailleurs accréditer Joe de son "par petites touches, le léopard est complètement démoniaque".

Démoniaque, tentation irrésistible et coupable, le léopard l’est en effet certainement, car il réussit même à pousser Cyrille à faire une entorse à son "plutôt nu qu’en fourrure" pour "se laisser friser l’œil par un string léo au Fellows".

A son pouvoir, on finirait presque par croire. 
Et si le léopard était, bel et bien, un agitateur de conscience ? Une fantaisie hors norme qui sortirait l’homme de son ordinaire? Un engouement inassumé, que celui-ci peut renier souvent, mais auquel il finit forcément par s’abandonner? Une sorte de vieille maîtresse, comme celle qu’Asia Argento a joué pour Catherine Breillat?

Et si, finalement, le léopard était un moyen de vivre tout à fait libre?
Voilà ce qui sera l’objet du troisième épisode, demain.

Episode 1 : Le blogueur, chasseur de léopard

En interrogeant 6 blogueurs (Cyrille, Joe, Adrien, Guillaume, Gaëtan et JB) sur l’imprimé léopard, terre modeuse gorgée de promesses sauvages et d’animalité basique, j’étais presque sûre de déchaîner la foule en excitant ses plus bas instincts. 
Au contraire, bien loins de céder au charme facile et exotique du motif félin, la plupart des blogueurs ont levé leur bouclier.

Soulevant une vague d’indignation jamais vue depuis l’affaire Presse-Citron (nulle trace ici d'exagération), l’imprimé léopard s’est fait révélateur des consciences, servant de contre-exemple pour dessiner une nouvelle morale sociale. Dans l’anti-léopard, on retrouve ainsi 4 valeurs cardinales : l’esthétique pour Adrien, la dignité pour Guillaume, l’éthique pour Cyrille, et la liberté humaine pour JB.

Dès le début, Adrien plante le décor en faisant du léopard un motif récurrent et cauchemardesque. A la question «Est-ce l'imprimé que tu voudrais voir partout sauf sur ta mère ?»: il répond «Pour moi le léopard c'est un peu le Bogdanov de la mode : il fait mal aux yeux mais revient toujours de temps en temps. Qui voudrait apparaître en compagnie d'un Bogdanov ? Non, pas même ma mère».
Léopard repoussoir, offense visuelle en compagnie duquel le ridicule pourrait bien tuer, tel est aussi l’avis de Guillaume qui se souvient, acerbe, d’une Allemande impardonnable : «Cette fille ne sortait pas sans son morceau d'imprimé léopard, le sac, le foulard, la tunique, les ballerines, les collants, tout y est passé. Peut-être même s'est elle déguisée à l'occasion en Roi Lion mais profitant, comme toujours, d'une bonne soirée, ma mémoire me fait défaut. La pauvre ne se rendait pas compte à quel point elle était ridicule. Même le fétichiste le plus perturbé ne pourrait pas relever le niveau, et pour cause...»
De Roi Lion et de règne animal, il en est aussi question pour Cyrille qui surprend avec un PETA-coming-out et une implication (presque) inébranlable pour le respect des bêtes : «Je n'aime pas. Essentiellement parce que je trouve qu'afficher une autre fourrure que la sienne est d'une inconséquence singulière même quand celle-ci n'est pas naturelle, et donc flirte étroitement avec la frontière du vulgaire». Le port du léopard, une inconscience dont la futilité stupide serait rédhibitoire et scandaleuse: voilà une thèse  qu’un autre barbu partisan de l’auto-fourrure (JB), décline sur une voie de gauche, historique et politique.
Pour lui, avec l’imprimé léopard, ce n’est pas tant l’animal, mais l’homme qu’on assassine en jouant sur «un inconscient collectif datant de l’époque coloniale. Le léopard n’est que la survivance paternaliste du temps révolu des colonies, et la fascination désespérée pour un monde où l’Occidental asservissait l’Afrique entière».

En définitive, ce sont beaucoup de valeurs morales et éthiques que réveille un léopard à qui l’ont aurait volontiers prêté des effusions plus primaires.

Affaire de genre ? C’est en tout cas ce que nous étudierons demain avec quelques  filles venues redorer le blason d’un léopard qui sait aussi être sexy et croustillant.

Opinion Polls & Market Research

Entrée dans la hype

Un anniversaire, ça se fête. Et pour se faire, ce blog s’étoffe désormais d’une rubrique Mode. Pour autant, celle-ci ne fera jamais concurrence à la blogosphère girly.  Parce que je ne prendrai pas de photos plain-pied de mes tenues, ne cacherai pas mon visage d’un appareil photo, et résisterai aisément à l’exposé de souliers ou de sacs gros comme des PIB.

Cette rubrique sera plutôt le lieu de débats terribles, hantés par un réalisme froid, dur et pâle comme le marbre (un mot pour ça = marmoréen). «Combien de robes Manoush un homme peut-il décemment subir avant de renoncer à séduire?», «Comment oser acheter un maillot de bain sans l’aide d’un verre de vin?», «le shorty : sale traître ou vrai ami?»...

Autant d’enjeux captivants pour les hommes comme pour les femmes, et permettant enfin de discerner, dans l’univers impitoyable de la mode, l’acceptable du redoutable, l’allure du ridicule, le panique du priapique.

Le sujet inaugural sera :  "Menus propos autour du motif léopard ou panthère".
Une saga en 3 épisodes qui commence tout à l’heure. Avec :
1. l’avis de 6 illustres blogueurs sur le sujet
2. la riposte (car riposte il y aura) de la gente féminine et de quelques irréductibles
3. le bouquet final inspiré du témoignage d’Alexandre B.

Et si quelqu’un est motivé pour réaliser une bannière «les 3 jours de la panthère», je ne refuserai évidemment pas. Mais ne paierai pas non plus. Même pas en tickets resto.
Même pas en rêve...

Crédit photo : Eres

Un an

Voilà aujourd’hui un an que je suis entrée à l’agence RPCA. Un 3 avril, effrayée par un univers inédit de 20 filles déchaînées. Assise face à la fenêtre, j'avais la voix frêle et une chemise blanche –je crois- pour me donner confiance.
Quelques jours plus tard, des premiers mails maladroits partaient vers des blogueurs. Et puis, voilà…

En un an, j’ai eu envie de briser 2 ou 3 nez (qu’ils ne se croient pas sauvés pour autant, leur jour viendra), de perdre patience et de céder à l’impulsion d’envoyer tout valser. Et en un an, dans ma "cellule grise", cent autres choses m’ont fait raison garder : des attachements, du rire partout, de la légèreté et de la musicalité.

Et puisqu’un anniversaire est une chose solennelle, je profite de celui-ci pour remercier, à la face du monde ET sur du Demis Roussos, celui qui a osé parier sur de l’Histoire et du Chinois.  Et qui, je crois, se reconnaîtra.

Les femmes, c’est bien. Sauf ensemble.

Définition préliminaire : Sera ici appelée "musique", le rock, la pop, la musique indie, l’électro, le folk. Seront exclus de fait le r’n’b, Chimène Badi, les titres dont le thème s’approche de «je veux ton corps baby» ou «tu me manques autant que j’te kiffe, honey».

Parce qu’il existe des groupes féminins géniaux (qu’on pense à Cansei de Ser Sexy, Long Blondes, Mansfield TYA, Electrane…), doit-on pour autant lever le drapeau du féminisme musical ?
Parce que les hommes sont statistiquement plus représentés dans la musique, doit-on pour cela subir des réunions de femmes musiciennes dans des festivals dédiés (par exemple, Les femmes s’en mêlent), et danser entre esprit ghetto et féminisme de mauvais aloi ?

Gênée par tous les corporatismes, et gênée par ceux qui veulent faire de la musique une affaire de genre, c’est donc avec une certaine suspicion que j’ai appris la naissance de Diva, « le 1er féminin musical ».

Bonne nouvelle, musicalement, Diva ne suit pas l’ornière de l’exclusivement féminin, puisqu’on y trouve des femmes, mais aussi des hommes à femmes (Gonzales, Daft Punk, The Hoosiers…). En contrepoint, ce sont des pages modes et make-up qui viennent apporter la touche girly au magazine. On y fait d’ailleurs des découvertes captivantes (j’ignorais que le smoky eye gris était punk, trash et sexy !!!!! Incroyable, non ?).

A l’arrivée, un magazine sympathique, pointu, mais où l’on a du mal à distinguer la fashion pure de l’enthousiasme sincère. Idéal pour être au coeur de la tendance -juste ce qu’il faut en avance- Diva est un titre qui déçoit en revanche sur la subtilité et profondeur de son contenu.

L'héroïsme à portée d'intérim

L’intérim en France est une machine à vendre du rêve. Il se présente comme le moyen de réaliser toutes ses ambitions professionnelles, de faire du travail une perpétuelle fête et de se réveiller chaque matin avec la méga-pêche. Pour résumer, il serait tout l’inverse de la précarité souvent associée aux postes en CDD.

A mille lieux des agences belges se targuant de savoir "trouver une parfaite doublure", les entreprises d’intérim françaises tentent de séduire l’aspirant employé (plus que l’employeur) en jouant la carte de l’humain à tout crin.

Modèle du genre, Adecco fait vibrer la corde sensible du chômeur en dégainant deux jokers (récupérés six pieds sous terre) : le Mahatma Gandhi et Coluche.

Avant toute chose, je suis mal à l’aise avec l’idée d’utiliser commercialement l’image de personnes qui ne peuvent plus se prononcer. Un peu comme si l’on faisait dire à Bukowski ou Verlaine "Pour mes gueules de bois, je prends toujours des gélules d’huile de foie". Même en supposant que la pub Adecco soit pleine de bonnes intentions -et vierge du cynisme qu’on prête d’ordinaire au monde de la pub- il demeure gênant de muer le destin d’hommes en banales images au service des intérêts d’une firme.

Evidemment, l’opération est diablement tentante et efficace. Car nul doute que l’individu qu’Adecco cherche à recruter préfère s’identifier à de valeureux grands hommes qu’à ses congénères dont les derniers faits d’arme consistent à avoir supporté la basse mollesse d’une fonctionnaire d’ANPE.
On comprend aussi la tentation publicitaire de mettre dans le même séduisant panier le talent de ces deux individus, leur attachement aux valeurs humaines ET leurs changements d’activité professionnelle. Et de nous laisser ainsi penser que l’intérim d’Adecco va, de sa baguette magique, nous forger les mêmes destins d’exception et réveiller soudain en nous  l’humanisme larvé et le noble amour de son prochain.

Sans vouloir casser l’ambiance : tout ceci manque de réalisme.
Et même à ceux qui croient que nous sommes tous tissés dans l’étoffe de l’héroïsme, je me permets d’opposer un peu de pragmatisme en rappelant simplement qu’on ne trouve pas de postes d’avocat ou de philosophe en agence d’intérim.

Et enfin, pour finir, j’invite Adecco à un peu de décence.
Etre résistant ou apôtre de la non-violence n’est pas une vocation professionnelle, et encore moins un funky domaine de compétence. Je suis chaque fois plus navrée d’assister à la banalisation et la folklorisation de la résistance, et de voir avec quelle facilité on utilise aujourd’hui son impact émotionnel comme un motif publicitaire.

Allez, avant d’aller bosser, tu me reliras une fois ta lettre de Guy Môquet.

Le dernier Larcenet...

...est arrivé. Avec le quatrième et dernier tome du Combat Ordinaire, intitulé "Planter des Clous". Une série très personnelle, presque intime, qui a fait connaître à son auteur le succès et la reconnaissance publique.

Larcenet est un homme admirable, dans ses planches sombres du Combat Ordinaire comme dans celles plus légères du Retour à la Terre. Ses aventures de l’agent spécial Bill Baroud sont un sommet d’humour (on y trouve par exemple la réplique qu'on aimerait voir devenir culte "Encore une fois, j'avais rayé un nom de plus du bottin mondain des fils de pute…"). Sa plume acerbe (sur son blog) force le respect. Et pour finir d’être séduite par cet homme souvent sinistre bien que parfait, je partage à 150% ses choix musicaux.

Alors, évidemment, là encore, dans Planter des clous, il m’est impossible de ne pas reconnaître le talent immense de Larcenet. De ne pas admirer son utilisation des silences, son économie et sa pudeur, et cette sensibilité d’écorché-vif qui serre tripes et coeur.
Et pourtant, cette dernière BD, j’ai choisi de ne pas trop l'aimer.

Car, aujourd’hui, j’ai pas  envie d’avoir envie de pleurer.

Grande âme

Patti Smith est la personne que j'admire le plus au monde. Cela date d'un concert où sa présence et son charisme m'avaient cloués sur place. L'allure à l'état pur.
Alors, en entendant parler de sa probable présence au vernissage de l'exposition qui lui est consacrée à la Fondation Cartier, j'ai rusé pour obtenir des places (je ne peux pas t'avouer comment, la patience qu'a, à mon égard, mon cher patron Thierry Meunier risquerait ici de montrer ses limites).

Arrivée sur place : déception.
Pas de champagne (ceci pour donner raison à ceux qui m'envoient 5 fois par jour le test Facebook «Quel alcoolique êtes vous ?»).
Pas de Patti Smith.
Après avoir passé à la question -avec l'acharnement implacablement dévot d'un Grand Inquisiteur-  le personnel du musée et le fils de Patti lui-même, le verdict tombe : Patti Smith ne viendra pas ce soir.
Ni pour jouer ni pour déambuler.

Et puis au moment de partir, à une seconde près, elle est apparue. Juste devant nous. C'est la main de Fred contre mon poignet qui l'a annoncé.

Alors, on s'est approchées de Patti Smith pour la remercier. La suite, très courte, n'est pas à dire. Il y est affaire de moment blanc, de sourires magnifiques, d'oeil étrange, de gestuelle hip-hop et sans doute de moustache. Il y est question de genoux qui tremblent, de frissons qui durent et des manifestations heureuses d'un corps comme amoureux.

Groupie si tu veux, si c'est le nom qu'on donne aux émotions vierges.