En interrogeant 6 blogueurs (Cyrille, Joe, Adrien, Guillaume, Gaëtan et JB) sur l’imprimé léopard, terre modeuse gorgée de promesses sauvages et d’animalité basique, j’étais presque sûre de déchaîner la foule en excitant ses plus bas instincts.
Au contraire, bien loins de céder au charme facile et exotique du motif félin, la plupart des blogueurs ont levé leur bouclier.
Soulevant une vague d’indignation jamais vue depuis l’affaire Presse-Citron (nulle trace ici d'exagération), l’imprimé léopard s’est fait révélateur des consciences, servant de contre-exemple pour dessiner une nouvelle morale sociale. Dans l’anti-léopard, on retrouve ainsi 4 valeurs cardinales : l’esthétique pour Adrien, la dignité pour Guillaume, l’éthique pour Cyrille, et la liberté humaine pour JB.
Dès le début, Adrien plante le décor en faisant du léopard un motif récurrent et cauchemardesque. A la question «Est-ce l'imprimé que tu voudrais voir partout sauf sur ta mère ?»: il répond «Pour moi le léopard c'est un peu le Bogdanov de la mode : il fait mal aux yeux mais revient toujours de temps en temps. Qui voudrait apparaître en compagnie d'un Bogdanov ? Non, pas même ma mère».
Léopard repoussoir, offense visuelle en compagnie duquel le ridicule pourrait bien tuer, tel est aussi l’avis de Guillaume qui se souvient, acerbe, d’une Allemande impardonnable : «Cette fille ne sortait pas sans son morceau d'imprimé léopard, le sac, le foulard, la tunique, les ballerines, les collants, tout y est passé. Peut-être même s'est elle déguisée à l'occasion en Roi Lion mais profitant, comme toujours, d'une bonne soirée, ma mémoire me fait défaut. La pauvre ne se rendait pas compte à quel point elle était ridicule. Même le fétichiste le plus perturbé ne pourrait pas relever le niveau, et pour cause...»
De Roi Lion et de règne animal, il en est aussi question pour Cyrille qui surprend avec un PETA-coming-out et une implication (presque) inébranlable pour le respect des bêtes : «Je n'aime pas. Essentiellement parce que je trouve qu'afficher une autre fourrure que la sienne est d'une inconséquence singulière même quand celle-ci n'est pas naturelle, et donc flirte étroitement avec la frontière du vulgaire». Le port du léopard, une inconscience dont la futilité stupide serait rédhibitoire et scandaleuse: voilà une thèse qu’un autre barbu partisan de l’auto-fourrure (JB), décline sur une voie de gauche, historique et politique.
Pour lui, avec l’imprimé léopard, ce n’est pas tant l’animal, mais l’homme qu’on assassine en jouant sur «un inconscient collectif datant de l’époque coloniale. Le léopard n’est que la survivance paternaliste du temps révolu des colonies, et la fascination désespérée pour un monde où l’Occidental asservissait l’Afrique entière».
En définitive, ce sont beaucoup de valeurs morales et éthiques que réveille un léopard à qui l’ont aurait volontiers prêté des effusions plus primaires.
Affaire de genre ? C’est en tout cas ce que nous étudierons demain avec quelques filles venues redorer le blason d’un léopard qui sait aussi être sexy et croustillant.
Ces hommes ont l'esprit sain !
Rédigé par : Guillaume | 06 avril 2008 à 13:32
Une petite anecdote. Parmi les fameux big five (lion, rhino, hippo, léo et buffle) avec lesquels tout bon touriste de passage en Afrique du Sud cherche à tailler une bavette, le léopard est le plus élégant, mais aussi le plus rare et le plus difficile à trouver.
Dans nos rues et sur nos podiums c'est un peu l'inverse finalement. De l'accessoire au total look, ce léopard ne se cache pas dans les cimes à la recherche de discrétion, et n'est pas très élégant. Et si finalement c'était toute ostentation qui relevait du mauvais goût ? Du bling-bling de P-Diddy aux aviators de Sarkozy, en passant par le léopard M'ame Simone de la rue St Denis...
Rédigé par : Cyrille | 06 avril 2008 à 19:23
Et pourquoi ceux qui parviennent à la réussite devraient ils inhiber leur joie et la cacher au monde ? Pourquoi ne pas faire éclater socialement la satisfaction d’avoir vaincu une programmation sociale de castes ? Pourquoi ne pas célébrer, dans l’ostentation la plus totale, la bravade d’avoir dépassé sa condition sociologique de départ ?
Le discret de chaussures Lobb, de boutons de manchettes Hermes ou de montres Jaeger, ne serait-ce pas là finalement le vrai ostentatoire ? Un signe de pouvoir discernable uniquement par l’élite, qui jouit sans joie ni fantaisie, du plaisir de l’entre soi…
Rédigé par : Alexandra | 06 avril 2008 à 22:22
Bel Ami ne portait pas de léopard à ma connaissance... je n'avais pas vu en cet apparat le signe d'une réussite sociale, mais si tu le dis. Quant à jouir sans joie ni fantaisie entre soi, c'est très rock'n roll. Un côté Ellis assez flagrant.
Rédigé par : Cyrille | 07 avril 2008 à 09:05
chacun ses gouts chacun son style...
Rédigé par : noémi | 06 septembre 2009 à 17:07