Il y a quelques jours je feuilletais le Vogue Homme, numéro spécial Erotique et me rinçait l’œil comme il se doit sur les jeunes éphèbes couchés sur papiers glaçés (je sais, c’est presque une maladie), quand une pub est apparue. Sur une double page, d’un côté un bellâtre d’âge mûr, de l’autre cette phrase «A chaque visage son histoire».
Attention, ce slogan poétique à bas prix ne doit pas te faire sombrer dans le «syndrome pub Dove». Le temps qui laisse sa trace, la beauté des vieilles pommes fripées, l’adage «plus t’es ridé, plus tu me plais», ne sont pas là en terrain ami. Au contraire ici, les traces, on les efface et les supprime à coût de technologie anti-rides. Et d’autant plus que chaque ride est la marque d’un méfait commis. Et c’est là que cette réclame de grande classe n’y va pas par quatre chemins.
Démonstration :
Ride au menton : «ma femme sait tout». Comment te dire, Bob (je peux t’appeler Bob)? C’est moche. Ca ne fait jamais plaisir d’être démasqué.
Ride au nez : «j’avais oublié d’effacer l’historique web». Bob, après, faut pas s’étonner! C'est une erreur de débutant,ça ! Quand ton épouse va découvrir que tu surfes sur le site de Picard Surgelés à 3 heures du matin alors qu’elle s’approvisionne chez Carrefour depuis 15 ans…
Ride dite de la patte d’oie (ma préférée) : «j’étais sortie avec Sophie Valérie, Martine et la blonde du club». Wahouuu ! Tout ça ? Quatre d’un coup ? Voilà qui fatiguerait même le plus endurant des hommes ! Tu serais pas un bo-gosse Skyblog, Bob ?
Ce qui est doublement risible et pathétique dans cette pub, c’est qu’elle nous apprend que ce qui fait vendre de l’anti-ride chez les CSP++, c’est… l’infidélité et la lâcheté.
Que l’homme ridé, loin de s’en sentir gêné, peut se gratifier d’être usé par sa peur toute puérile d’être démasqué.
Qu’un savant mélange d’adrénaline et de priapisme donne du lustre à la vieillesse et aux humaines bassesses.
Et que peu importe de perdre en élégance et dignité pourvu qu’on ait l’ego, par une maîtresse, flatté.
Ce que j’aime particulièrement, c’est la morale finale : «A chaque visage son histoire… Réécrivez la vôtre», sobre équivalent d’un «On efface tout et on recommence?» !
On pardonnera néanmoins à cet annonceur sa trivialité, car, en brouillant les frontières entre jeunesse et vieillesse à grand coup de collagène, il aura su résoudre un problème soulevé naguère par Oscar Wilde : «Les jeunes gens voudraient être fidèles et ne le sont pas. Les vieux voudraient être infidèles et ne le peuvent plus.»
Attention commentaire en belge :
Tu sais nous dire ce qu'il y a d'écrit son front ?
Rédigé par : Guillaume | 04 juin 2008 à 10:07
Il y a écrit : "Je me suis réveillé sans portefeuille et j'avais perdu mon boulot" (combo) et "j'avais investi toutes nos économies dans une "occasion du siècle"".
En bref, ce mec est un vrai boulet au pied.
Rédigé par : Alexandra | 04 juin 2008 à 10:17
Je pense ne pas trop m'avancer en disant qu'il faut se méfier de l'homme aux rides faites sur photoshop ;)
Rédigé par : Guillaume | 04 juin 2008 à 10:29