RPCA le blog

6 sujets à ne pas servir au dîner

On le sait, les fêtes de fin d’année sont le moment de jouer à la famille.
Mais, tout comme la glace de la patinoire, le terrain est extremement glissant. 
Si vous ne voulez pas que votre réveillon tourne à la bagarre de rue, ne pas parler la bouche pleine ne suffira pas… Eviter certains thèmes, il faudra. 

Voici donc quelques exemples pour naviguer en eaux troubles. 

Brice Hortefeux : Les vols charters, la Cimade, vos points Miles… à cause de Briçou, la moindre discussion ayant trait à l’aviation peut très vite déraper. Le sujet est d’autant plus délicat que les zélateurs d’Hortefeux sont souvent d’une mauvaise foi confondante. Jouez sur le même terrain. Plutôt que de hurler "espèce de facho!" à votre cousin Bernard et de mettre un terme définitif à des relations jusque-là cordiales, préférez un argument mesquin qui vous donnera l’avantage : "Non mais, sérieusement, t’as vu sa coupe de cheveux?" ou encore "T’as vu sa peau?". C’est ce qui s’appelle plomber le débat. 

Twilight : Oui, c’est le film de vampires qui va sortir en France en janvier, après avoir fait un énorme carton aux Etats Unis. Comme des milliers de jeunes filles tombées en pamoison, votre petite cousine ne jure plus que par Robert Pattinson. Bien que cela vous démange, évitez de comparer ce jeune boudin aux sublimes Brad Pitt ou Didier Barbelivien, beaux gosses de vos jeunes années. La garce défendra son héros avec perversité et vous n’en sortirez pas vainqueur. Seulement ringardisé(e), usé(e) et ridé(e). De quoi vous couper l’appétit, et rater la bûche. 

Internet et les enfants : C’est LE sujet glissant du moment. A en croire Nadine Morano, votre petit neveu que vous croyiez tout mignon et innocent, est en fait un délinquant POTENTIEL qui fricote dans sa chambre avec des pédophiles, des prostituées, des mercenaires et des nazis à chien (la fameuse variante de droite du punk à chien). Evitez absolument le sujet, au risque de voir finir l’ordinateur dans la benne à ordures à grands coups de contrôle parental et de prophéties anxiogènes. 

Contentez-vous de poker votre neveu sur Facebook, et de lui demander s’il n’a pas un peu d’herbe à vous dépanner (ben oui, Nadine, c’est connu! A 7 ans, sur le web, tout le monde en prend!) On se repasse le clip, parce que c’est quand même trop bon.

 

Les dernières vacances : alors là non. Surtout pas. A moins que vous vouliez passer le diner à regarder les albums de Jean et Pascale : 

- dégustant la langouste à l’île Maurice 

- les pieds dans une bassine au Club Med’s Hamman

- en séance de palper-rouler au bord de la piscine MAIS avec un cocktail aux 5 fruits. 

Méfiance ! Les futures vacances ne sont pas un sujet moins risqué. 

Les secrets de famille : la péniplastie de l’oncle Bob, le divorce de Germaine, l’opiomanie de Mamie, le fils caché d’Henri… vraiment vous n’y pensez pas sérieusement! Si? 

Les cadeaux foireux : "Ah, tu te souviens la fois où un gros naze m’a offert un livre de Pierre Bellemare? Remarque, il y avait le pot-pourri qui n’était pas mal non plus dans le genre cadeau minable!". Au fur et à mesure que vous racontez votre souvenir, hilare, vous voyez le visage de votre sœur se décomposer. Comment allez-vous lui expliquer que ce n’était pas "exactement" de son cadeau dont vous parliez? Ben oui, c’est râté. 

Et toujours dans les best-of des sujets à ne pas aborder : la SNCF, la fonction publique, Steevy, les poils, Michel Sardou et… la cuisine de votre belle mère. 

Vous voilà maintenant prêts ! 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un très très joyeux Noël et une très bonne année !

EDIT : Certains réclament en commentaire d'autres sujets tabous ! Et effectivement, oubliez également de parler de : LA CRISE, la dernière élection de Miss France, la politique avec un grand P comme Patrick.... Et comme le dit bien Roro, évitez de boire, cela ne pourra qu'empirer la situation (et puis, ivre mort, on se bat moins bien).

Idées cadeaux in-extremis

En regardant briller les guirlandes dans les appartements des autres, je pense à toi. 

Je pense à toi qui, à 24 heures de la nuit fatidique de Noël, n’as toujours pas trouvé de cadeaux pour tes proches. 

Fils indigne, mère inqualifiable, sœur odieuse… tu te reconnaîtras. 

Et pourtant, tout pécheur que tu es, je ne vais pas te sermonner. Mais t’aider. 

Because of the magie de Noël. 

Voici quelques idées de cadeaux personnalisés qui raviront petits amis et grands ennemis sans engorger les pages du site Ebay. 

A ta belle mère : Inutile de vouloir pacifier la situation, la guerre est déjà ouverte. Elle cuisine mal, vos déjeuners dominicaux sont fait de larmes et de nausées. Son héros, chroniqueur au magazine Régal, lui a tout appris : cuisiner les écailles de poisson, les fanes de radis ou les restes de pain perdu (concept anti-crise). La situation ne peut plus durer : offre lui le Trish Deseine de chez Marabout. Ca s’appelle la paix armée.

Bonus : Au pire, tu pourras toujours utiliser ce pavé gastronomique pour l’assommer. 

A ton amoureux/se : une nuit dans un palace. Commander des clubs sandwich, se lover dans des peignoirs énormes, éplucher toutes les chaines du câble, faire déborder la baignoire, boire des cocktails, rouler dans le lit énorme: le champ des possibles est immense. Jouer aux amants avec son amour régulier, c’est un bonheur à toujours renouveler. 

Bonus: L’option cheap n’existe pas. Je veux dire, ne pense pas que tu feras le même love-effect avec un Flunch et une nuit au Formule 1. 

A ton ami imaginaire : tu as un copain qui vient de la planète Zorglub. Il est tout vert, possède 5 yeux et trois sexes. Malheureusement, les humains le rendent très timides et il n’ose se montrer que devant toi. 

Mais oui. 

Je te crois. 

N’hésite pas à lui offrir Bienvenue sur terre : Guide à l’usage des extra-terrestres de Ian Harrison, un livre qui décrypte nos habitudes quotidiennes. Brillamment. 

A ta mère : un collier de nouilles, une sculpture en pâte à sel, un dessin… Offre lui  n’importe quoi qui puisse te faire retomber en enfance à ses yeux. Portée en transe par ta régression, peut être qu’elle ressortira des placards tes biberons et dents de laits. Peut être qu’elle se mettra à disserter publiquement sur tes premiers pas, ou pire. 

Ce sera dur, mais faire plaisir a un prix. Faire des économies aussi.

Luther : la bande-annonce est un art majeur

Tous les mercredis pendant un an -qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il gueule de bois- je me suis levée à 6 heures du matin pour assister à un cours d'Histoire de la Réforme Protestante.
Non pas que je fus animée d'une passion dévorante pour le WASP, mais dans le seul espoir de croiser, dans l'amphithéâtre désert de la Sorbonne, ce garçon superbe devenu depuis l'homme de ma vie. `

Autant te dire qu'un destin tout particulier m'unit à Luther, Calvin et tous leurs potes protestants.

A voir la bande annonce du film Luther, tourné en 2002 mais sorti cette semaine, je ne suis visiblement pas la seule à avoir un lien étrange avec le sujet.

Pour te refaire le pitch historique: Luther, moine religieux allemand du XVIe siècle, se rebiffa un jour contre l'institution catholique. Il la dénonça comme corrompue et trop éloignée du texte biblique. S'opposant au Pape, s'opposant à l'Empereur, Luther initia la Réforme protestante, qui entraîna une guerre civile mettant l'Europe à feu et à sang.

Et maintenant, pose bien tes deux fesses sur un fauteuil, car voilà... le teaser.

Plus d'infos sur ce film

4 bonnes raisons d'aimer cette bande-annonce :

L'enjeu sacré : le cinéma communautaire, piqué par le mystique, a actuellement le vent en poupe. Après "Dans la vie. une comédie hallal et casher", voici la riposte chrétienne avec "Luther, un film d'action protestant". Pour la production, c'est un potentiel mondial de 900 millions de huguenots prêts à remplir les caisses des cinémas pour revisiter leur mythe fondateur. Un thème fédérateur certainement plus bankable que "les collectionneurs de dès à coudre en Uruguay" ou "les fans de Bernard Montiel".

L'effet vintage : d'entrée de jeu, le ton est donné avec une présentation Powerpoint des sociétés de productions, assortie d'une musique totalement improbable. Ensuite, c'est le festival : incrustations de phrases façon papillon de lumière, effets peinture à la bombe rouge, rotation épileptiques de textes. Le monteur s'éclate visiblement à tester toutes les fonctions de son nouveau logiciel. Ca tombe bien, nous aussi.

Le zombie de Dieu : énorme big-up à l'acteur qui joue Luther pour son travail sur les expressions. Pour incarner le visage de l'engagement irréductible et de l'inspiration divine, il a choisi un regard d'un vide absolu, déjà pratiqué avec beaucoup de talent par Kurt Russel ou Steven Seagal. Mi-zombie, mi possédé, et parfaitement crétin, Luther semble mûr pour passer les fêtes de fin d'année à l'hôpital Saint Anne.

Le sacrifice érotique : Eléments remarquables de la bande annonce, les interventions de Luther sont d'un érotisme rare. Le moindre de ses mots est prononcé d'une voix suave et murmurée. Un côté call girl vaguement SM qui ponctue le destin d'un homme victime de son lien fusionnel avec God. Si Luther est le seul à employer ce ton de sexy-pénitent, il demeure que tous les dialogues des personnages sont tirés au cordeau. Mention spéciale au "Let's somebody else be roasted like a pig!", paroxysme émotionnel qui fait froid dans le dos.

Quand on pense que l'événement fondateur du mysticisme de Luther fut une tempête où il fut quasi frappé par la foudre, on regrette que ce passage à très haut potentiel ne soit pas plus exploité dans la bande annonce. Tout comme on regrette que les dialogues ne soient pas en langue allemande, ce qui aurait pu être à peu près aussi classe que les costumes et chapeaux d'hermine des acteurs.

Maintenant, j'ai vraiment envie d'aller voir le film.

La Chute aka Champagne m'a tuer

La Chute, ce n'est pas qu'un livre d'Albert Camus.
La Chute, ce n'est pas que Eve croquant la pomme et disant à son mec (Adam pour ceux qui ont un peu suivi) "Désolée Mamour, j'ai pas fait exprès".
La Chute c'est aussi les extrémités musicales auxquelles quelques verres de champagne peuvent te mener.

18h : On fête Noël à l'agence. Cadeaux, fromages Quatrehomme, chocolats fins et champagne.
20h00 : Peu à peu, l'agence se vide dans les rues du 16ème arrondissement.
20h10: Quelques irréductibles tiennent le bar. On entend sauter un bouchon de champagne.
20h15 : Valentine donne un cours de jerk.
20h30 : 8 hystériques hurlent "Last night a Dj saved my life".
20h45 : Celle qui veut écouter du Gilbert Montagné tire les cheveux de celle qui réclame les Spice Girls. Une voix meugle : "Vas y! Mets du Words Apart!!!".
20h48 : Quelque part dans le voisinage, une personne âgée appelle la police.
20h52 : "Je lui ai mis la fièvre pendant des heures". Pour une fois, Joey ne la ramène pas devant des filles. C'est inaudible. C'est fantastique. NTM fait dans le team-building.
20h55 : Daniel, l'homme de ménage, passe, sans que l'on sache distinguer si ses yeux brillent d'amusement ou de compassion.
21h : Quelqu'un reçoit du champagne dans les cheveux. La coupable est introuvable
21h15 : Passage censuré (photos censurées à l'appui)
21h30 : Fin de soirée. Dispersion des troupes. Retour à la maison. Deezer vole à mon secours.
21h43 : Texto à Valentine : "En fait, on aurait trop dû mettre Grease tout à l'heure!!!".
21h48 : Je suis la fille cachée de Kamel Ouali.
21h55 : Barry Manilow susurre "You KNOW I caaaaaaan't smile whithout you". J'aime Barry. Barry m'aime en retour. C'est beau à pleurer.
21h58 : Pour le plaisir, c'est reparti pour un tour avec Barry. Ce félon d'internet plante.
21h59 : Internet est officiellement planté depuis une minute. J'ai besoin d'un Lexomil.
22h07 : Internet remarche contre pénitence. Dans la vraie vie, je suis abonnée aux Inrocks, il parait.  Les Inrocks recommandent Lykke Li. 3 minutes 41, à son rythme c'est insupportable. Bonne action accomplie. On enchaîne.
22h13: Toujours sans nouvelles de Valentine. Soit elle n'aime pas Grease. Soit elle a sombré dans un profond coma.
22h20 : Si j'avais une webcam je chanterais NumaNumaYé devant mon écran. J'écris sur un post-it "Penser à ne jamais acheter de webcam".
22h58 : Moment de fatigue. Contre-attaque avec Rainbow Man de Busy P. Les premières free-party sous les pins ne sont plus si loin. Je hurle  "Alleeeeeez les kids!!!" au DJ. Mon Macintosh me toise en silence.
23h02 : Il semble qu'un voisin batte le rythme contre le plafond. Yeah.
23h15 : Requête Google :  "c'est quoi déjà la chanson qui fait ta tatata ta ta tatatata?". Le moteur de recherche, médiocre, répond "Zéro résultat".
23h25 : Mon set dépote des ours : Demis Roussos, Herbert Léonard, Britney Spears et François Feldman.
23h50 : Moment de doute
23h55 : Moment de doute persistant
00h00 : Moment de doute installé comme chez mémé.
00h10 :  Antony et ses Johnsons me soufflent à l'oreille.
00h15 : J'entends de loin des ivrognes qui sortent du pub en chantant des hymnes paillards.

Le relais est passé.

Des chiots ou des godillots : lancer, c’est tendance

A l’heure où l’on risque de confondre sa droite et sa gauche, Nicolas Sarkozy et Surya Bonaly, les anciens riches et les nouveaux pauvres, il n’y a plus qu’un seul moyen d’affirmer son identité au monde: Etre pour ou contre le lancer. 

Le lancer de quoi ? 

C’est une bonne question. 

Le lancer de chiots, par exemple : 

La jeune fédération française de Lancer de Chiots (FFLC) a récemment recruté 2125 adeptes via son groupe Facebook. Une joyeuse équipe "partageant dans un esprit de franche convivialité le goût du sport, des animaux et du dépassement de soi". Malheureusement, la SPA, tenant fermement à son monopole, vient de demander très officiellement à Facebook la fermeture du groupe. Une attitude rabat-joie qui trahit sa volonté de limiter la gente canine à sa condition terrestre alors que la FFLC lui promettait le ciel. 

"I believe I can fly. I believe I can touch the sky" : portons bien haut notre chant du cygne, pour les quelques jours qu’il nous reste avant de devenir hors la loi. 

Mais après ? 

Y aura t’il une alternative au lancer de chiots ? 

Réjouissez vous : la réponse est oui. 

Le lancer de chaussures (et par deux avec ça) : 

"This is a farewell kiss, you dog!" comme aime à le dire l’initiateur de cette discipline déjà culte. Depuis son superbe lancer double à la tête de George "Weston" Bush, nous sommes tous des enfants de Muntadar Al-Zaidi, un athlète que l’on admire pour son geste pur, sûr et imprécis. Regardons plutôt les images.

George Bush victime d'un attentat à la chaussure à Bagdad
envoyé par LepointTV

Oui, on apprécie particulièrement le lancer de chaussures, un acte à la fois fondamentalement civique et écologique. 

Que les plus timides ou les plus républicains ne se laissent pas intimider pour autant! Il existe d’autres lancers plus classiques mais tout aussi enrichissants. La lancer de poids par exemple, qui en plus de permettre la gloire olympique garantit une musculature particulièrement seyante qui réjouit invariablement les spectateurs. 

Vous l’aurez compris, lancer est tendance. 

Ne pas lancer, c’est abdiquer. 

A vos javelots, marauds !

Whopper : je t’aime mais tais-toi

J’aime Burger King. 

J’adore Burger King. 

Je voue un culte au Double Whopper with Bacon and Cheese. 

Un truc à devenir fou, faire des crises d’épilepsie, ou virer obèse. 

Je l’ai vu pour la première fois à Amsterdam à 16 ans. 

Comme chacun sait, Amsterdam est une ville qui ouvre particulièrement l’appétit. 

Ce fut le coup de foudre, et le début de l’amour. 

On se voit rarement. 

Et toujours rapidement. 

Juste assez pour avoir le cœur qui palpite encore, malgré le nombre des années. 

A Budapest, ce week-end, je l’ai parfois préféré aux saucisses fumantes du marché de Noël. 

A Londres je le retrouverai bientôt. 

A Berlin peut être. A Copenhague sans doute. 

Nous verrons. 

Mais comme dans toutes les histoires sentimentales, je sais que l’aveuglement joue aussi son rôle.

J’aime le Whooper, j’y suis liée charnellement. 

Et pourtant dès qu’il s’exprime, je ne peux pas m’empêcher de le trouver stupide. 

Que celui qui n’a jamais aimé follement une fille sublime d’une stupidité alarmante me jette la première pierre. 

La dernière fois c’était ça.

 

Bon. 

Je sais que tous les garçons du web ont trouvé cette pub sexy et sympa. 

Mais replaçons cette scène dans son contexte. 

Si je vois un garçon dans le métro entrain de masturber son hamburger : 

1. L’œil plein de larmes de compassion, je lui indique la station Pigalle, pour qu’il trouve des exutoires plus adaptés à sa solitude 

2. J’appelle les secours 

3. Mais jamais, au grand jamais, je ne me frotte à la barre. Ou alors, si je le fais, c’est parce que j’ai un syndrome de Tourette. On en reparla. 

Personne n’est à l’abri d’une mauvaise blague. D’accord. Que Burger King ait un humour pourri aurait pu passer. Le vrai problème, c’est quand il croit être intelligent. 

Comme ici:

Dis donc, c’est Giga Lol ces indigènes qui n’ont jamais mangé d’hamburger ! Si, je te jure, ça existe ! Le truc de ouf ! La découverte de maboule ! Et attends ! En plus, ils savent même pas comment on le prend dans ses mains, le burger ! 

Les cons ! 

En même temps, après enquête rigoureuse et scientifique, le primitif préfère le Whopper au Big Mac.

On est sauvés, les gars. 

Le mythe du bon sauvage revisité, une échelle de civilisation qui se mesure à l’aune du burger, une instrumentalisation totale des individus filmés, l’équipe apportant la lumière et la connaissance aux peuples ignares… Avec cette parodie néocoloniale, la société du spectacle atteint ici son paroxysme grotesque. 

Le mois dernier, on fêtait les 100 ans de Claude Lévi-Strauss. 

Avec "L’anthropologie selon Burger King", preuve est faite que l’on n’a pas toujours les héritiers qu’on mérite.

Darwinisme et RER : l’expérience La Défense

 

A force d’y vivre, on a du mal à se souvenir comme notre quotidien sait nous rendre heureux. 

Par exemple : 

On oublie de se rémémorer comme on mange bien quand on n’a pas d’aphtes. 

On oublie de se réjouir chaque matin d’avoir vu Obama l’emporter sur un manchot tenant de son bras unique un pitbull avec du rouge à lèvres. 

Et souvent, on oublie de se féliciter de ne pas travailler à la Défense. 

Pour que, dès demain, vous remerciez le ciel de votre chance, j’ai testé pour vous : 

Lundi matin. 

8h30. 

Trajet Paris centre-La Défense. 

Ligne 1 en panne. 

RER A. 

Prenez ce qui va suivre comme un manuel de survie dans un lieu déserté par la civilisation. 

1. L’approche : Débutant en la matière, vous auriez tendance à croire que la proximité du quai vous rapproche des portes du RER ? Erreur fatale : la proximité du quai vous rapproche surtout de la tombe. Dès que le train arrivera, un millier de personnes se presseront derrière vous. A défaut de savoir résister à la poussée, vous vous verrez décerné le titre honorifique d’« accident grave de voyageur ». Chacun a droit à son quart d’heure de gloire, disait Warhol. Mais vous, voulez vous vivre le vôtre sur les écrans du réseau RATP ? 

2. La pénétration : Si vous avez bien suivi le conseil précédent, vous êtes à une dizaine de mètres des portes du RER au moment où celles-ci s’ouvrent. Prenez votre élan : foncez dans le tas. Pendant que vous courez, il vous semble que certains individus tentent péniblement de s’extraire de la rame ? N’ayez crainte, ceci n’est qu’une illusion, un effet de la Matrice. Prenez la pilule bleue. Courez plus vite et plus fort. Si besoin, armez vous d’un bélier, ou enfoncez votre coude dans les côtes de qui croisera votre route. Si votre altitude vous le permet, n’hésitez pas à donner des coups de sacs dans la tête des gens qui vous entourent, et éjectez promptement les blessés hors du wagon. Visez les femmes et les enfants d’abord. Dans la cohue, personne n'aura le coeur à dénoncer vos méfaits. 

3. Le trajet : Un homme corpulent ayant effectué deux ou trois placages pour se frayer une place a apprécié votre style. Il vous adresse un large sourire et vous dit "C’est comme ça qu’il faut faire, mademoiselle!". Vous le savez : dans cet univers impitoyable, le darwinisme fait sens, et le gros bourrin aura toujours l’avantage sur le frêle Nerdy. Attention. Fort de sa suprématie génétique, le gros bourrin peut croire que vous allez copuler avec lui pour engendrer une tribu d’enfants aux chromosomes vainqueurs de RER. Sachez le dissuader en détournant le regard ou en tirant l’alarme. 

4. Règle de savoir-vivre : Surtout ne souriez à personne. Mordez cette vieille dame qui murmure qu’elle va faire un malaise. 

5. La sortie : Il y a ceux qui montent. Ceux qui descendent. Ceux qui veulent prendre à gauche. Ou à droite. Et puis il y a vous. Comment vous frayer un chemin au milieu de ces électrons contraires ? Gardez vous de toute émotion. Imaginez que la Défense est un grand bowling. Les piétons sont des quilles. Cet handicapé moteur est la boule. 

Faites un strike.

Et revenez à la surface. Sain. Sauf. Et vainqueur.