Hier je te parlais de récits d’explorateurs.
Tu en déduiras peut-être que dans mes toilettes, il y a des aquarelles de phare ou des inventaires de nœuds marins.
Dieu sait ce que tu croiras en lisant ce qui suit.
Quand je te dirai que la mort m’a, depuis hier, émue deux fois aux larmes.
Elle était d’abord dans Lacrimosa, la bombe de la dernière «rentrée littéraire». Dans ce presque-roman, Régis Jauffret ressuscite son amoureuse suicidée, et troque son cynisme ordinaire pour une écriture métallique et hantée à réveiller les morts. Régis Jauffret fait parler sa disparue, lui met des moqueries et des colères brulantes à la bouche, et lui fait jeter au visage qu’elle ne reviendra pas.
Forcément. On n’est pas dans du Marc Levy. Nulle part, l’amour ne revient à la chair pour manger des gaufres, porter des shorts et dire "bisous-bisous".
Et puis, gradation.
A midi, au Théâtre du Rond-Point, se jouait une lecture de Hammam de Diastème.
Sur la scène noire, les vivants continuent à rêver leurs disparus. Et les disparus continuent à parler depuis leur zone d’absence.
Cette entreprise d’arracher les morts au silence, Diastème l’écrit en équilibriste. Refusant à tout prix le désespoir et la pesanteur, acharné à élever l’humour et la légèreté. Si bien qu’à écouter ses mots et regarder ses acteurs, tes yeux, soudain, piquent. Non pas de mélancolie, mais de la beauté tendre et inutile qu’il y a à espérer, envers et contre. Et de l’acharnement qu’ont les vivants à s’opposer au silence.
Comme dirait Daho, «Dommage que tu sois mort».
Futilité drôle pour refuser l’air de rien que le malheur l’emporte.
Dans la poésie qui vibre et qui respire, Jauffret et Diastème sont passés maîtres.
Le premier se rencontre en librairie.
Le deuxième, vous n’avez qu’une seule chance de le recroiser : le 13 octobre à 20h30 à l’espace Gérard Philippe à Fontenay sous Bois.
Découvrez Étienne Daho!
Commentaires