Hier, quand vous les avez quittés, Côme et Alexandra étaient perdus en voiture dans les banlieues de Madrid. Des briques rouges partout, pas un chat, le «centro commercial» comme seul horizon.
Mets-toi à notre place. A force de tourner en rond, tu te dis que ce GPS qui s’obstine à se taire, ça ne va pas être possible. Alors tu décides de le ramener à l’aéroport. Et au moment même où tu t’apprêtes à prendre la sortie «Aeropuerto, Terminal 1», tu entends une voix dans la boîte à gants qui dit : «On the roundabout, take the first exit».
C’est clair, ce GPS se moque de toi. Tu ne seras pas étonné d’apprendre qu’il n’a re-fonctionné que 10 minutes, juste le temps qu’on s’éloigne de sa voix de garage. Ensuite, re-silence radio.
Un autre jour, me voilà entrain de faire des créneaux sur un parking de «centro commercial» (pas de vacances pour ceux qui passent leur permis dans un mois et pour leurs amis chers et kamikazes). Presque immobile, entrain de rater ma marche arrière et de caler en boucle. Autant te dire qu’à ce moment là, je ne voulais aller nulle part ailleurs qu’entre les deux lignes bleues qui désignaient mon emplacement. En gros, le GPS, pour une fois, on l’avait pas sonné. La concentration et l’auto-exaspération se lisent sur mon visage, quand soudain une voix braille dans la voiture : Keep on the right. Please keep on the right. PLEASE KEEP ON THE RIGHT.
Quel est l’intérêt de cette histoire, te demandes-tu, vaguement agacé du sentiment de perdre de plus en plus ton temps dans les méandres de cette note absconse ? La morale, mon ami ! La morale !
S’il avait connu le GPS, je te garantis que Jean de la Fontaine aurait écrit sur le sujet. Puisqu’il n’est plus là, il faut bien que la postérité se fende d’une fable édifiante avec l’Homme et la Technologie comme uniques protagonistes.
Reprenons. Le GPS choisit le seul moment où son silence serait bienvenu pour élever la voix.
A ce moment là, tu le toises le plus froidement possible. Tu penses à ta caution (258 euros). Tu te dis «je le tue tout de suite ou j’attends un peu?».
Et bien, tu es lâche et tu le remets doucement dans sa pochette.
Parce que ce petit salaud tyrannique détient le pouvoir en te tenant par le portefeuille.
Et parce que tu préfères passer un soir d’été sur une terrasse que tu as mis 3 heures à trouver par toi-même, et recommander du lomo et de la tortilla avec l’argent que cette ordure technologique ne t’aura pas volé en aiguisant ta colère.
C’est ce qu’on appelle la revanche gastronomique des placides valeureux.
Et ouais.
PS : Demain,restez chez vous. Je pars, en toute illégalité, m'entraîner à la conduite dans Paris. Je dis ça pour vous.
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