Est ce qu’on peut visiter un lieu sans s’intéresser à son passé, à ses témoins et à son âme? Est ce qu’on fait du tourisme pour regarder l’enduit des murs ou la pose de la moquette, ou pour s'entendre conter une histoire?
J’avais un avis sur le sujet. Plutôt optimiste. Mais le Mont Saint Michel, pratiqué en plein été, l’a foulé au pied.
Je croyais que les hommes venaient au Mont Saint Michel parce que l’abbaye romane coupe le souffle. Je croyais même, que parmi eux, il y en avait aussi pour célébrer l’un des symboles les plus puissants et salutaires de la religion chrétienne : Michel, archange, chef des armées célestes, psychopompe et terrasseur de dragon. Cité aussi dans le Coran. Figure magnifique dans un monde chaotique.
Je m’étais (complètement) enflammée.
Quand ils parcourent l’abbaye au somment du Mont, les visiteurs attendent que ça passe. Ils regardent leurs pieds ou le plafond, errent, parlent fort. De lave-linge, de pots d’échappement ou d’Ile de la Tentation. S’en foutent. Toute l’abbaye résonne de leurs soupirs et de leurs pas qui traînent.
Ce qui les ramène à la vie est le panneau "Sortie". De là, ils dégringolent les marches jusqu’à l’enfilade de boutiques de la rue principale. Et ici, avides, se réaniment. Un cornet de frites à la main, entre les boules souvenirs, les peluches, les portes-clés, les biscuits, les épées en plastique, les bols sérigraphiés. Ils hurlent, ils s’agglutinent, ils sautillent à la caisse. Enfin heureux. Ayant un but et un sens, une réponse à leur présence.
Je vais tisser encore un peu plus fin ma réputation d’amère réactionnaire, mais la situation fait froid dans le dos. Les Français sont devenus une horde de barbares en short. Ils écument les lieux patrimoniaux hexagonaux, must-have du Guide Petit-Futé-Voyagez-Radin, mais ne savent plus bien pourquoi.
Ni pour apprendre ou connaître.
Ni pour la spiritualité.
Peut-être seulement pour rapporter des magnets à coller sur le frigo, rappelant, quand on sort la bouteille de lait, que «ça, c’est fait».
On vit une époque formidable.
ça résonne avec cette si délicate expression française, attention j'ouvre les guillemets, mettons nous en situation :
"- salut steve, bien ou quoi, alors les vacances ?
- de la balle kevin, j'ai fait la Cordillière des Andes."
ouai, effectivement. Ca c'est fait.
grr
Rédigé par : vh | 25 août 2008 à 19:14
Exactement VH !!!
"En 2 semaines, j'ai fait l'Inde, le Cambodge et la Thaïlande"
Une expression entre le démiurge (j'ai fait le monde en 7 jours) et le colon qui vaut son pesant de cacahuètes!
Rédigé par : Alexandra | 25 août 2008 à 19:54