RPCA le blog

I’m back from Brussels, and I’m fat

Tu sais, je me suis spécialisée dans le récit de voyage.
Plus Gilbert Trigano que Kerouac ou Bouvier, je le reconnais. Mais bon, ce n’est un début.

Pour te raconter mon week-end à Bruxelles et te réjouir, j’ai pensé d’abord à un roman-photo où j’aurais associé portraits devant monuments et natures mortes de spécialités gastronomiques. Mais alors, tu m’aurais trouvée bien trop Jacky pour être honnête. Et tu aurais eu raison : je n’ai jamais que des mots à te présenter.

Bruxelles donc. Un voyage amoureux mené comme un défi : goûter à tout, le plus possible, exploser peut-être, mais ne rien ignorer des gaufres, frites, crustacés, stoemp et bières de Wallonie.
En relevant ce pari, nos corps, saturés mais comblés, ont été mis à rude épreuve entre ville haute et ville basse. Car nos têtes et nos yeux, jalousant la faveur dont jouissaient nos ventres, nous ont poussés à battre le pavé pour visiter musées, lieux étranges et monuments.

A Bruxelles, le Palais des Beaux-Arts expose actuellement Paul Klee. Et abrite une nouvelle boutique, Bozarshop, un espace immense consacré aux arts graphiques, au design, à l’architecture, à l’art contemporain et à la musique…
Des librairies comme celle-ci, qui donnent mille idées de vocations, il en faudrait partout, pour remplacer les conseillères d’orientation qu’on a connues à nos 15 ans. Un lieu dans lequel errer des heures pour croire en couleur, à l’avenir de l’art et à l’avenir tout court.

EDIT : MK2 n'est pas un imposteur sans face. Et oui.

Samedi dernier se tenait à Paris la Freeze, opération spectaculaire de "congélation humaine groupée et spontanée" sur le Trocadéro.
A l’appel d’un groupe Facebook créé par Charles Nouyrit , 3000 personnes s’étaient réunies gratuitement et pour le fun, pour réaliser un événement vierge de tout sponsor, marque ou cause.

FREEZE-PARIS 2008 pour Trois Couleurs
envoyé par ownerz

Et puis de manière tout à fait illégitime, MK2 débarque soudain avec sa propre vidéo de la Freeze, et sans complexe aucun, associe son nom à l’événement, en signature finale.
Un générique qui implicitement, attribue l’événement à MK2, pourtant simple témoin. Jouant jusqu’au bout d’une ambiguïté fallacieuse, MK2 intègre même la Freeze à sa dernière newsletter.

EDIT DU 19 MARS : Suite à une discussion fort sympathique avec Elisha Karmitz, directeur de MK2 multimédia, j’en profite pour signaler que MK2 a depuis modifié le contenu de sa vidéo. Quelques petites modifications qui, bien que légères, lèvent désormais toute ambiguïté sur le rôle de MK2 dans la Freeze, et lui ré-attribuent le rôle de témoin/journaliste.

Voilà qui répare ce qui n’était, finalement et sans doute, qu’une simple maladresse et délivre MK2 des soupçons de « voleur de buzz ».

Et pour finir en toute amitié, je vous incite à aller voir le site de Trois couleurs, le blog du «meilleur de la culture».

Mesquinerie à grand tirage

J'ai lu sur Libération.fr un article navrant. Un portrait de Patti Smith. Par Marie Dominique Lelièvre.

Un texte qui reconstruit l’histoire de l’art. Une prise de position vertigineuse dont on ne sait si elle doit être lue comme une farce ou avec componction. Mais dont les assertions laissent forcément ahuri :
-    Walt Whitman était pour Neruda, Borges, Pessoa, autant que pour de nombreux auteurs du mouvement Beat, un modèle et un inspirateur. Lelièvre néglige l’hommage et l’héritage, et ramène le poète humaniste à l’insigne "bonne marque du romantisme"
-     Si William Burroughs a dit "Patti Smith fait résonner la cloche de la poésie pure", Lelièvre est formelle : Patti Smith n’EST pas poète mais "passe pour un poète", à force d’opportunisme et de poses adolescentes et "rimbaldiennes" (épithète jeté là comme un gros mot attardé).
-     Patti Smith a écrit, composé, photographié et dessiné tout au long de sa vie. Détail insignifiant et négligeable pour Lelièvre qui n’y accorde pas un mot dans son article, préférant consacrer cinq lignes crispées à la propreté de sa chemise et à l’ombre de sa moustache
-     Lester Bangs (un modèle pour bien des journalistes de Libé, je crois) voyait en Patti Smith une figure musicale révolutionnaire et fondamentale. Lelièvre crie à l'imposture et restitue le succès d’Horses aux services providentiels d’un producteur arrangeant et à un heureux accident de calendrier
-     En 1976, Stevie Wonder changeait la face de la musique occidentale avec un album engagé dont Pasttime Paradise sonnait comme un emblème. Mais pour Lelièvre, le titre n’est rien de plus qu’une succession de "grands mots convenables".

Certains hommes défient l’art pour le renverser génialement. D’autres lui crachent au visage par simple bêtise et fatuité. Dans laquelle de ces deux catégories pourrait-on placer le mépris et la condescendance de Marie-Dominique Lelièvre ? Je n’aurais osé me prononcer si un indice n’était venu m’éclairer avec une certaine ironie: la biographie que la journaliste a très récemment consacré à Françoise Sagan, intitulée Sagan à toute allure. Un ouvrage miroir, une «œuvre» qui confirme ce que ce désolant article ne faisait qu’augurer.

Lecture harassante, verve molle, raccourcis paresseux, superficialité convenue, flagornerie vile et fétichisme infantile, tout dans Sagan à toute allure porte la même trace d’un verbe pauvre qui a choisi son camp : chemise propre mais esprit crasse.

The Rake's Progress à l'Opéra de Paris

Hier soir, invitée par mon amoureux, j’étais pour la première fois au Palais Garnier de l’Opéra de Paris, pour assister à The Rake’s Progress de Stravinsky, mis en scène par Olivier Py.

The Rake’s Progress expose le parcours de Tom Rakewell, jeune héritier qui, escorté par le diable, se perd dans les plaisirs et s’abîme loin de l’amour.  Destin faustien déviant, car le Malin échoue ici à prendre l’âme de Rakewell, pour le laisser au monde des vivants, marqué du sceau de la démence. 
La folie, stigmate diabolique, devient alors l'espoir d'un possible salut. La dernière scène, rédemption folle et incertaine, absolution amoureuse magnifique et ambiguë, se refuse à trancher, et seule la foi du spectateur peut déterminer si Rakewell est finalement sauvé ou damné.

Cette fable spirituelle se prête particulièrement au metteur en scène Olivier Py, mystique catholique, pour qui «L’idée de se perdre en compagnie de Tom Rakewell, le thème de la destruction comme chemin spirituel, évidemment, cela ressemble beaucoup à mes pièces de théâtre ou à mon roman. Cela me va».
C’est en tout cas bien la puissance visuelle et symbolique de son univers qui donne toute sa dimension à cette superbe tragédie irrésolue.

Avant-garde fleurie, ou comment je l’ai échappé belle

Il y a un peu plus d’un an, j’avais prévu de me faire un nouveau tatouage. Entre estampes coréennes et japonaises, je voulais me couvrir une partie du dos de motifs inspirés des fleurs de cerisiers blancs.
Le rendez-vous était pris, la caution déposée, et puis le destin s’en est mêlé. J’ai dû aller faire un tour sur mon relevé de compte bancaire, et constater qu’à cause de quelques dérapages financiers dont j’ai aujourd’hui oublié l’origine, il me fallait annuler ma réunion avec l’encre.

Et puis quelques mois plus tard, j’ai commencé à voir fleurir les cerisiers dans le commerce. Une lampe d’abord chez Nature et Découvertes. Puis une collection de cosmétiques chez Body Shop. D’autres encore, ailleurs. Et puis hier, le coup de grâce. Des dizaines de fleurs de cerisiers sur un paquet… d’After Eight.

Je peux te dire qu’hier soir, dans les allées de Franprix, j’ai béni pour la première fois mes doigts qui brûlent au contact des billets de banque. Car sans eux, j’aurais aujourd’hui un énorme packaging made in Nestlé sur le dos.

Ganaches des profondeurs

Au département Minéralogie et Géologie du Muséum national d’Histoire Naturelle (Paris) s’expose jusqu’au 8 mai «Abysses», une découverte des grandes profondeurs marines et de la faune étrange qui y vit.

Dans le genre anecdotes croustillantes sur le génie animal, Abysses est un sommet indépassable. Illustré de portraits des ganaches sous-marines, on découvre des mâchoires énormes, des alertes bleu-phosphorescent, des snipers à la lumière rouge, des migrations monumentales chaque nuit vers la surface, des tubes digestifs jusqu’au bout des pattes, des poissons en couple, et des mâles édentés, nains et parasites.

Un univers infernal et fascinant, résumé avec un humour laconique par Théodore Monod : «Pour nous efforcer de décrire et caractériser le milieu abyssal : il fait noir, il fait froid, il fait profond, il fait faim».

Conseils naïfs et bien innocents autour d’une pelote

Ce matin chez moi, un thé à la main, j’étais sur le blog de Cyrille, et  y lisais un article sur le buzz de la pelote et du site www.k3654s.com. En commentaire, un individu en révélait le mystère en appelant à aller visiter son blog.
Ainsi, quand, arrivée au bureau, j’ai ouvert l’enveloppe qui m’attendait (merci Gaduman !) pour y trouver une pelote de laine, j’ai ressenti crûment "l’effet soufflet".
Je ne dois pas être seule dans mon cas, car le blogueur "révélateur" avait laissé le même commentaire sur tous les blogs ayant traité du sujet.

Cet événement fâcheux sera l’occasion de vous citer un extrait de mon ouvrage «La Baronne vous parle», intitulé : Traité de savoir-vivre à l’usage des blogueurs qui pèchent par excès de fougue.
«Cher blogueur, s’il t’arrive de déchiffrer un buzz avant son reveal officiel, tu peux certes être fier de toi. Tu peux aussi l’annoncer sur ton blog pour prouver que tu es grand et fort.
La chose que tu dois cependant éviter de faire est d’aller clamer ta joie en commentaire sur tous les blogs du monde. Cette erreur de jugement risquerait fort de te faire passer de la catégorie blogueur à celle, moins enviable, de spammeur.
Jamais avare de bon conseil, et puisque l’exemple est la meilleure des pédagogies, voici une démonstration édifiante :
Peut être as tu vu ces derniers temps sur quelques blogs l’annonce d’une soirée L’Oréal-Airness. Suis-je allée dire partout qu’il s’agissait du lancement du nouveau déodorant masculin Airness (licence qu’a racheté L’Oréal il y a  plus de 3 ans), destiné à concurrencer la marque Axe ?
Et bien non, mon cher petit. Par contre je le dis ici, puisque l’on est entre nous. Tu comprends ? Puisqu'évidemment, bien loin de moi l'idée de couper l'herbe buzzesque sous le pied d'un concurrent de mon client !»

J'en fais tout un fromage

Parce que je suis accro aux magazines de cuisine. Parce que j’ai déjà passé des heures à baver devant Elle à Table. Et parce qu’aujourd’hui, il y a un peu de moi dans ce divin magazine.
Je vous explique :
Il y a 3 mois, RPCA lançait www.toutunfromagesuisse.com, un blog où 15 blogueuses de talent improvisaient, autour de cinq Fromages de Suisse, des recettes toutes plus géniales les unes que les autres.
Après un vote ouvert à tous, Elle à Table a départagé les 5 meilleures créations culinaires pour les publier en éditorial dans son numéro mars-avril, et sur son site web.
Un partenariat entre blog et presse dont je suis super fière et heureuse.

Capable du meilleur comme Dupire

Après le mouton tueur, restons sur les réjouissances absurdes, avec cette campagne hallucinée que tous les usagers du métro parisien n’ont pas pu rater: Invicta.
Une blague à première vue (et même encore à la dixième) : un quinquagénaire à dreadlocks, veste strassée et lunettes fumées, héraut/héros d'une firme de poêles à bois. Un homme qui a porté son entreprise vers le succès grâce à une vocation métaphysique : avoir toujours «des poêles plein la tête».

Cette publicité est formidable. Car elle présente le poêle à bois comme une oeuvre d’art, et qu’elle place Jean-Pierre Dupire dans l’image toute puissante du Créateur et du démiurge, inspiré et habité.
Mégalomaniaque, il l’est autant qu’une pop-star qui annonce son prochain Zénith à coup de portraits bien cadrés. Rock star du poêle (il autographie même son affiche), Dupire est subversif car il positionne effrontément le poêle là où on ne l’attendait pas : le monde de l’Art.
Certes c’est totalement décalé, et on peut avoir envie de dire à Dupire “Mec, écrase ton joint et redescends. Il ne s’agit là que de poeles à bois”. Mais cette image de l’artiste visionnaire reporté à une entreprise artisanale est avant tout enthousiasmante par sa fraîcheur et son optimisme.

Porté par son projet et ses convictions, Dupire a mené son oeuvre jusqu’à la consécration finale : l’exposition colossale du destin d’une vie au sein d’une capitale mondiale. Et grâce à lui, Paris est aujourd’hui une ville fantastique qui se traverse au rythme des poêles. Où des personnalités hors normes loin de se planquer, s’affichent en 4 par 3. Où un homme et son projet recouvrent les images habituelles de simples produits sans âme. Où les punks à chien et les roots du monde entier retrouvent un modèle de vie.

Et où, à chaque station, on sourit.

Invraisemblable

Comment vous annoncer la nouvelle?... Black Sheep est un vrai long-métrage. Même pas une farce.

Pour la première fois, les mots me manquent...

Black Sheep Trailer
envoyé par Lyricis

Via