Il y a une semaine, Solidays approchait. Mes amies Clare et Fred avaient décidé d'y aller. Il y a une semaine, il y eut un soir où il faisait tard, chaud et ivre, et où j'ai dit "Solidays, oui, ça pourrait être sympa !".
Pourtant, je n'aime pas trop les festivals de musique. Pour 3 raisons :- de ma jeunesse à dread-locks et combi Volkswagen me restent des souvenirs de Tecknival. Des milliers de personnes qui cherchent derrière les mêmes buissons un endroit où soulager leur vessie. Des milliers d'autres qui essayent de partager leurs visions artificielles. Sauf que personne ne les entend, car la hard-tech tape trop fort. Après ce genre d'événements, tu as les mâchoires qui se serrent tellement que tu ne peux plus regarder un poulet rôti sans pleurer. Heureusement à Solidays, il n'y a que de la bière. Et des toilettes.
- ensuite car aujourd'hui, je suis très attachée à ma pose d'amatrice de rock indé qui hante de petites salles obscures au côté d'un public erratique dont les meilleurs amis sont la neurasthénie et l'excès de séborrhée.
- enfin car j'ai toujours un peu peur que mon mètre 90 cache la vision de la scène aux personnes qui se trouvent derrière moi. Heureusement pour ce point, à Solidays le public est joyeux et a 17 ans de moyenne. Une tranche d'âge qui, depuis qu'elle m'appelle "Madame", fait preuve d'une certaine timidité pour m'insulter.
Bref, dimanche dernier, nous voilà à Solidays. Au milieu de 20 000 personnes pour le concert de Java. Java qui, me l'apprend Fred, est un groupe de notre adolescence, amateur d'accordéons et de jeux de mots, et qui trouve que la guerre, c'est comme l'argent : MAL et MECHANT. Le chanteur s'appelle Erwan, mais ça s'écrit R-Wan. J'imagine que tu vois l'idée.
Mais qu'importe. Il fait beau, je viens de me siffler un saucisse-frites, même des hippies pourraient me rendre heureuse. "Allons-y, mousaillons" me dis-je, pendant que le groupe déboule sur scène.
Et bien, l'ami, figure toi, qu'en moins de 10 minutes, j'étais déjà entrain de sauter dans tous les sens (tu sais, en levant les genoux devant moi comme tu l'as déjà vu faire les amateurs de reggae), de me vider des bouteilles d'eau sur la tête, et d'hurler des paroles que je ne connaissais pas (pas les bonnes, donc).
Cas de possession ? Insolation ? Trisomie 21 opportuniste ?
Rien de tout cela ! Simplement, le chanteur de Java avait le don de mobiliser la foule en la prenant à partie.
Ca commence avec les classiques "Solidays, vous êtes là?". Ca continue avec "Solidays, vous êtes chauds"? Et finalement, 20 000 personnes se retrouvent à s'accroupir ensemble sur le sol pour sauter dans les airs, où à courir à droite puis à gauche, puis à droite selon le bon vouloir de Java.
Oui, ce mouvement de foule avait une magie et une énergie à laquelle tu ne pouvais que te soumettre. Même le slameur acnéique qui nous est tombé dessus par derrière, nous est apparu comme une heureuse intervention divine.
Et depuis, je fredonne dans les parcs sous le soleil : "Java c'est le vrai son parigot. La devise Sex Accordéon Et Alcool ".
La prochaine fois, je te raconterai peut être mon concert de Tryo. Ou de la Rue Ketanou.
Man.