Etre suffisamment mondain et convenable pour se voir ré-ouvrir les portes des lieux les plus hype, c'est possible. Il faut pour cela partir du principe que votre interlocuteur ne retiendra de vous que ce que vous lui laissez deviner.
Inutile de vous montrer tel(le) que vous êtes, en assumant fièrement, la bouche débordante d'une tranche de chorizo, "J'suis comme ça moi, j'dis c'que j'pense !".
Bannissez le chorizo.
Et apprenez plutôt à devenir quelqu'un d'autre.
Notice explicative.
Chaque conseil sera accompagné d'un entraînement, d'une mise en situation expert (si votre interlocuteur est plus intelligent/cultivé/sobre que vous), d'une mise en situation Chromosome triple (l'hypothèse selon laquelle votre interlocuteur est plus attardé/naïf/ivre que vous), et de pièges à éviter.
- Faites vous des fiches : Gildas & Masaya (Kitsuné), Devendra (Banhart), Carlos (Dolto), Brice (faites gaffe à vos fréquentations quand même)...
- Recensez sur une autre fiche un certain nombre d'activités : faire une tarte aux pommes, jouer au water polo, coudre à la machine, aller chez Ed l'Epicier...
- Associez chaque prénom à une activité, et appliquez : "Hier, j'ai joué au rami avec Carla".
Mise en situation expert : vous discutiez avec un homme mûr lorsque vous l'avez coupé pour prendre un coup de fil important sur votre iPhone. Vous raccrochez en vous excusant d'un sobre "c'était Karl". Malheureusement, c'est AVANT qu'il aurait fallu vérifier que vous étiez entrain de vous adresser à Pierre Bergé.
Mise en situation Chromosome triple : vous discutiez avec une femme mûre lorsque vous l'avez coupée pour prendre un coup de fil important sur votre iPhone. Vous raccrochez en vous excusant d'un sobre "c'était Victor". Votre interlocutrice pousse un petit cri et dit "Victor Hugo? J'adore ! J'ai vu tous ses films!". Ne la contredisez pas. Enfin, si vous aimez les MILF et que la bêtise vous érotise.
Piège à éviter : vous mentionnez la dernière culotte de Vannina. En cherchant un indice dans votre regard torve, votre interlocuteur a l'impression que vous évoquez le slip d'une péripatéticienne dégueulasse que vous avez ramenée du bois la nuit dernière dans votre Volvo break. Morale : dans certains cas de sujets et/ou prénoms ambigus, le patronyme peut s'avérer utile.
Mise en situation expert : chez La Hune, quand il passe la porte, les employés lui font une haie d'honneur en l'appelant Biloute. Ce soir, il vous fixe en se demandant pourquoi avez vous qualifié cette Crêpe Suzette de nietzschéenne. La prochaine fois, ayez le réflexe "proustien" pour parler d'aliments.
Mise en situation Chromosome triple : vous pouvez y aller sans crainte. Concert dantesque, banquet rabelaisien, strabisme sartrien... Faites vous un petit plaisir avec situation ubuesque. Vous ne savez pas de quoi vous parlez? Ca tombe bien, eux non plus.
Piège à éviter : L'adjectif "Mussien". Soit on croit que vous vouliez dire Mussolinien mais que vous avez tronqué deux syllabes en vous étouffant avec le citron qui traînait dans votre mojito (voir Paradis artificiels), et vous passez pour un dangereux fasciste qui appelle "Papounet" Berluscolini. Soit on a reconnu que vous parliez de Guillaume Musso, et vous être grillé(e). Quoi, je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi, quand même ?
Mise en situation expert : C'est sur ce segment de la mode que l'expert sera le plus redoutable et pourra vous faire ou vous défaire. S'il vous dit "Oh, ce manteau ! Kate (voir name dropping) le portait en 1991" ou "David Beckham le portait hier", ne le remerciez pas. Ceci N'EST PAS un compliment.
Mise en situation Chromosome triple : La personne qui vient de vous resservir du champagne adore votre look depuis le début de la soirée. En regardant vos lunettes Ray-Ban-like à la monture immense et turquoise, elle hurle : "C'est dingue, elles sont tellement bien qu'on dirait qu'elles n'ont pas de verres!" et appuie son propos en enfonçant un doigt à l'intérieur de votre oeil. Effectivement, ce style de lunettes implique qu'il n'y ait pas de verres. A l'avenir, au sujet de la mode hype et de ses dangers, ouvrez l'oeil. Le bon. Celui qu'il vous reste, en fait.
Piège à éviter : voir plus haut. Eviter les Chromosomes triples qui risquent de vous étrangler avec votre Snood
Entraînement : Vous avez tout vu, tout testé, tout goûté. Vous êtes Daniel Darc, revenu des ombres. Vous êtes Françoise Sagan (voir Writer name dropping). Vous vous resservez à boire et vous sentez léger(e) et spirituel(le), en mesure de donner deux ou trois leçons de vie aux convives qui vous entourent.
Mise en situation expert: En sifflant votre septième Martini, vous racontez votre descente d'ecstasy à Goa ("elle était tellement forte, que j'ai pleuré jusqu'à ce qu'un Pakistanais me ramasse"). Goa est une ville d'Inde, habitée donc par des Indiens. Avec votre lapsus, votre interlocuteur risque de comprendre qu'un vendeur de roses vous a trouvé(e), déchiré(e) au Punch de bienvenue, devant l'Hippopotamus de la Place d'Italie.
Mise en situation Chromosome triple : il/elle est sous le charme. Il/elle veut parcourir les paradis artificiels avec vous. Il/elle souhaite que vous l'initiez. Vous lui répondez "Ce n'est qu'un coup de fil à passer, bébé". Et vous voilà, à 2 heures du matin, à traîner aux Halles pour acheter à 500 euros, 12g de carambar qu'on vous aura vendu comme le plus pur Afghan.
Piège à éviter : Vous stressiez tellement à l'idée de venir à cette soirée (et de n'être pas réinvité(e) ) que vous avez pris 3 Xanax. On vous avait pourtant prévenu(e) que les anxiolytiques n'apprécient pas l'alcool. Sur votre passage, les gens commencent à vous appeler Phil. Vous vous récitez vos fiches (voir name dropping), mais ne vous souvenez plus s'ils parlent de Phil Spector ou de Phil Collins. Dans les deux cas, ce n'est pas bon : le premier a trucidé sa femme un jour où il était très high, le deuxième vient de perdre ses doigts. A moins qu'ils évoquent Philippe Candeloro... qui fait actuellement du roller blade dans les allées d'un supermarché.
Inutile de vous montrer tel(le) que vous êtes, en assumant fièrement, la bouche débordante d'une tranche de chorizo, "J'suis comme ça moi, j'dis c'que j'pense !".
Bannissez le chorizo.
Et apprenez plutôt à devenir quelqu'un d'autre.
Notice explicative.
Chaque conseil sera accompagné d'un entraînement, d'une mise en situation expert (si votre interlocuteur est plus intelligent/cultivé/sobre que vous), d'une mise en situation Chromosome triple (l'hypothèse selon laquelle votre interlocuteur est plus attardé/naïf/ivre que vous), et de pièges à éviter.
Le name dropping
Entrainement : Evidemment, le name-dropping est LE fondamental de toute soirée mondaine. Perdez donc cette mauvaise habitude de donner des noms de famille.- Faites vous des fiches : Gildas & Masaya (Kitsuné), Devendra (Banhart), Carlos (Dolto), Brice (faites gaffe à vos fréquentations quand même)...
- Recensez sur une autre fiche un certain nombre d'activités : faire une tarte aux pommes, jouer au water polo, coudre à la machine, aller chez Ed l'Epicier...
- Associez chaque prénom à une activité, et appliquez : "Hier, j'ai joué au rami avec Carla".
Mise en situation expert : vous discutiez avec un homme mûr lorsque vous l'avez coupé pour prendre un coup de fil important sur votre iPhone. Vous raccrochez en vous excusant d'un sobre "c'était Karl". Malheureusement, c'est AVANT qu'il aurait fallu vérifier que vous étiez entrain de vous adresser à Pierre Bergé.
Mise en situation Chromosome triple : vous discutiez avec une femme mûre lorsque vous l'avez coupée pour prendre un coup de fil important sur votre iPhone. Vous raccrochez en vous excusant d'un sobre "c'était Victor". Votre interlocutrice pousse un petit cri et dit "Victor Hugo? J'adore ! J'ai vu tous ses films!". Ne la contredisez pas. Enfin, si vous aimez les MILF et que la bêtise vous érotise.
Piège à éviter : vous mentionnez la dernière culotte de Vannina. En cherchant un indice dans votre regard torve, votre interlocuteur a l'impression que vous évoquez le slip d'une péripatéticienne dégueulasse que vous avez ramenée du bois la nuit dernière dans votre Volvo break. Morale : dans certains cas de sujets et/ou prénoms ambigus, le patronyme peut s'avérer utile.
Le writer name dropping
Entraînement : hélas, lire des livres reste définitivement à la mode. Ce que vous avez appris avec les personnalités médiatiques, il va falloir le poursuivre avec des écrivains. Personne n'est censé savoir que les seuls que vous connaissez sont ceux que vous avez eu au programme au lycée. Pour démontrer que vous avez la culture dans la peau, convertissez vos "Profils d'une oeuvre" en adjectifs. Mise en situation expert : chez La Hune, quand il passe la porte, les employés lui font une haie d'honneur en l'appelant Biloute. Ce soir, il vous fixe en se demandant pourquoi avez vous qualifié cette Crêpe Suzette de nietzschéenne. La prochaine fois, ayez le réflexe "proustien" pour parler d'aliments.
Mise en situation Chromosome triple : vous pouvez y aller sans crainte. Concert dantesque, banquet rabelaisien, strabisme sartrien... Faites vous un petit plaisir avec situation ubuesque. Vous ne savez pas de quoi vous parlez? Ca tombe bien, eux non plus.
Piège à éviter : L'adjectif "Mussien". Soit on croit que vous vouliez dire Mussolinien mais que vous avez tronqué deux syllabes en vous étouffant avec le citron qui traînait dans votre mojito (voir Paradis artificiels), et vous passez pour un dangereux fasciste qui appelle "Papounet" Berluscolini. Soit on a reconnu que vous parliez de Guillaume Musso, et vous être grillé(e). Quoi, je n'ai pas besoin d'expliquer pourquoi, quand même ?
Le look
Entraînement : Bien entendu, le look fait tout. La bonne fringue qui vous fera remarquer, le détail créateur qui en met plein la vue, sont les indispensables d'une soirée mondaine réussie. Mise en situation expert : C'est sur ce segment de la mode que l'expert sera le plus redoutable et pourra vous faire ou vous défaire. S'il vous dit "Oh, ce manteau ! Kate (voir name dropping) le portait en 1991" ou "David Beckham le portait hier", ne le remerciez pas. Ceci N'EST PAS un compliment.
Mise en situation Chromosome triple : La personne qui vient de vous resservir du champagne adore votre look depuis le début de la soirée. En regardant vos lunettes Ray-Ban-like à la monture immense et turquoise, elle hurle : "C'est dingue, elles sont tellement bien qu'on dirait qu'elles n'ont pas de verres!" et appuie son propos en enfonçant un doigt à l'intérieur de votre oeil. Effectivement, ce style de lunettes implique qu'il n'y ait pas de verres. A l'avenir, au sujet de la mode hype et de ses dangers, ouvrez l'oeil. Le bon. Celui qu'il vous reste, en fait.
Piège à éviter : voir plus haut. Eviter les Chromosomes triples qui risquent de vous étrangler avec votre Snood
Les paradis artificiels
Mise en situation expert: En sifflant votre septième Martini, vous racontez votre descente d'ecstasy à Goa ("elle était tellement forte, que j'ai pleuré jusqu'à ce qu'un Pakistanais me ramasse"). Goa est une ville d'Inde, habitée donc par des Indiens. Avec votre lapsus, votre interlocuteur risque de comprendre qu'un vendeur de roses vous a trouvé(e), déchiré(e) au Punch de bienvenue, devant l'Hippopotamus de la Place d'Italie.
Mise en situation Chromosome triple : il/elle est sous le charme. Il/elle veut parcourir les paradis artificiels avec vous. Il/elle souhaite que vous l'initiez. Vous lui répondez "Ce n'est qu'un coup de fil à passer, bébé". Et vous voilà, à 2 heures du matin, à traîner aux Halles pour acheter à 500 euros, 12g de carambar qu'on vous aura vendu comme le plus pur Afghan.
Piège à éviter : Vous stressiez tellement à l'idée de venir à cette soirée (et de n'être pas réinvité(e) ) que vous avez pris 3 Xanax. On vous avait pourtant prévenu(e) que les anxiolytiques n'apprécient pas l'alcool. Sur votre passage, les gens commencent à vous appeler Phil. Vous vous récitez vos fiches (voir name dropping), mais ne vous souvenez plus s'ils parlent de Phil Spector ou de Phil Collins. Dans les deux cas, ce n'est pas bon : le premier a trucidé sa femme un jour où il était très high, le deuxième vient de perdre ses doigts. A moins qu'ils évoquent Philippe Candeloro... qui fait actuellement du roller blade dans les allées d'un supermarché.
Si malgré tous ces conseils, vous échouez et que vous apprenez par un statut Facebook que "Louis Vuitton ne réinvitera pas @votrenom à sa prochaine soirée after-défilé", passez un petit coup de fil à votre hôte, et avouez dignement :
"Désolé(e), j'avais trop bu. Mais je te promets que si tu me réinvites je ne vomirai pas sous le tapis. Ah... t'avais pas vu ?"
Rapport aux paradis artificiels, ne dit-on pas pourtant que "vomir c'est revenir" ? Ou alors c'est ma mise en situation qui est mauvaise...
Rédigé par : Guillaume | 11 novembre 2009 à 14:11
Ah! Ah! Parfait !!!
Rédigé par : Alexandra | 11 novembre 2009 à 14:25
Savoureux ! :)
A ceci près que le Xanax n'est pas un anti-dépresseur mais un anxiolytique ! Ceci dit, ta note est certainement plus efficace qu'un Xanax ;)
Rédigé par : Nosferatu Blond | 11 novembre 2009 à 16:41
Hann ! Pourquoi j'ai pas pencé à ce Profil Bac ? Ca m'aurait sauvé mon Oral de Français.
Ou un Snood :)
Rédigé par : Victor | 11 novembre 2009 à 22:05
A Nosferatu Blond : Je corrige de ce pas, l'orthographe et l'attribut ! Merci mon Nosfé !
A Victor : les antisèches Profil Bac cachées dans un Snood, voilà le secret !
Rédigé par : Alexandra | 11 novembre 2009 à 23:16
Chère Alexandra,
Rappelez vous une scène mémorable dans dîner de cons : vous vous faites passer pour un producteur belge au téléphone et vous recherchez votre cible, vous cherchez à atteindre votre but, vous voulez nouer un contact.
Dans mon cas, si je me fais passer pour un producteur, petit fils de Pierre Schoendorfer, sergent recruteur qui a besoin d'acteurs pour tourner un film sur le REP en Algérie, on risque de me regarder avec des yeux ronds lors d'une soirée chez Louis Vuitton.
J'opterai pour un travestissement plus efficace : la carte de visite, plus discrète; vous organisez votre scenario; si vous avez de l'entregent, on ne vous prendra pas pour une farfelue; vous allez droit au but : vos racines plongent dans celles du grand Anatole France, membre historique de l'Action française; outre vos petits moulins de Provence, vous faites en sorte d'asseoir votre profil; vous ne jurez que par la riviera niçoise; vous donnez un coup d'estocade à votre interlocuteur en lui disant que vous êtes une fervente admiratrice du fondateur du "club des hachishains"; l'autre, s'il ne fait pas dans la finesse, vous répondra à coup sûr ou fort probablement : "t'en as là ?" et vous lui répondez alors, royale : "mais non patate, je lis Balzac" (dans ce cas, il y a fort peu à parier que votre vis-à-vis lise beaucoup et connaisse bien la vie de votre compagnon de lecture). Quand à vos goûts vestimentaires, je ne doute pas que l'on puisse vous accorder un blanc seing, si j'ose dire, les yeux bandés. Ensuite, pour valider votre contact, vous dictez à votre interlocuteur ébahi la ligne de partage à suivre entre la sphère privée et celle qui relève du domaine des affaires. Conquis et s'il n'a toujours pas compris, vous en rajoutez une couche au seuil du vestibule : "la plus grande règle de toutes les règles, c'est de plaire" (Molière). Vous lui dites alors avec un air de séminariste oratorien touché par un vrai désir d'aumône que vous pouvez toujours l'aider et que, puisque celui-là veut décidément mieux paraître en société, vous lui renverrez bientôt par la poste d'excellentes fiches techniques, résumées en deux trois lignes, sur les grands moments de la littérature française. Il vous trouvera tellement "sésame" qu'il en oubliera l'étendue abyssale de son ignorance culturelle; là, vous empochez votre contact et vous filez à l'anglaise.
Cordialement,
Pierre
Rédigé par : Jourdan | 15 novembre 2009 à 11:17
Waooooo,chouette!!!
Rédigé par : nike air max 90 | 02 février 2010 à 05:39