Tous les mercredis pendant un an -qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il gueule de bois- je me suis levée à 6 heures du matin pour assister à un cours d'Histoire de la Réforme Protestante.
Non pas que je fus animée d'une passion dévorante pour le WASP, mais dans le seul espoir de croiser, dans l'amphithéâtre désert de la Sorbonne, ce garçon superbe devenu depuis l'homme de ma vie.
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Autant te dire qu'un destin tout particulier m'unit à Luther, Calvin et tous leurs potes protestants.
A voir la bande annonce du film Luther, tourné en 2002 mais sorti cette semaine, je ne suis visiblement pas la seule à avoir un lien étrange avec le sujet.
Pour te refaire le pitch historique: Luther, moine religieux allemand du XVIe siècle, se rebiffa un jour contre l'institution catholique. Il la dénonça comme corrompue et trop éloignée du texte biblique. S'opposant au Pape, s'opposant à l'Empereur, Luther initia la Réforme protestante, qui entraîna une guerre civile mettant l'Europe à feu et à sang.
Et maintenant, pose bien tes deux fesses sur un fauteuil, car voilà... le teaser.
4 bonnes raisons d'aimer cette bande-annonce :
L'enjeu sacré : le cinéma communautaire, piqué par le mystique, a actuellement le vent en poupe. Après "Dans la vie. une comédie hallal et casher", voici la riposte chrétienne avec "Luther, un film d'action protestant". Pour la production, c'est un potentiel mondial de 900 millions de huguenots prêts à remplir les caisses des cinémas pour revisiter leur mythe fondateur. Un thème fédérateur certainement plus bankable que "les collectionneurs de dès à coudre en Uruguay" ou "les fans de Bernard Montiel".
L'effet vintage : d'entrée de jeu, le ton est donné avec une présentation Powerpoint des sociétés de productions, assortie d'une musique totalement improbable. Ensuite, c'est le festival : incrustations de phrases façon papillon de lumière, effets peinture à la bombe rouge, rotation épileptiques de textes. Le monteur s'éclate visiblement à tester toutes les fonctions de son nouveau logiciel. Ca tombe bien, nous aussi.
Le zombie de Dieu : énorme big-up à l'acteur qui joue Luther pour son travail sur les expressions. Pour incarner le visage de l'engagement irréductible et de l'inspiration divine, il a choisi un regard d'un vide absolu, déjà pratiqué avec beaucoup de talent par Kurt Russel ou Steven Seagal. Mi-zombie, mi possédé, et parfaitement crétin, Luther semble mûr pour passer les fêtes de fin d'année à l'hôpital Saint Anne.
Le sacrifice érotique : Eléments remarquables de la bande annonce, les interventions de Luther sont d'un érotisme rare. Le moindre de ses mots est prononcé d'une voix suave et murmurée. Un côté call girl vaguement SM qui ponctue le destin d'un homme victime de son lien fusionnel avec God. Si Luther est le seul à employer ce ton de sexy-pénitent, il demeure que tous les dialogues des personnages sont tirés au cordeau. Mention spéciale au "Let's somebody else be roasted like a pig!", paroxysme émotionnel qui fait froid dans le dos.
Quand on pense que l'événement fondateur du mysticisme de Luther fut une tempête où il fut quasi frappé par la foudre, on regrette que ce passage à très haut potentiel ne soit pas plus exploité dans la bande annonce. Tout comme on regrette que les dialogues ne soient pas en langue allemande, ce qui aurait pu être à peu près aussi classe que les costumes et chapeaux d'hermine des acteurs.
Maintenant, j'ai vraiment envie d'aller voir le film.
que le nan'art ne meurt jamais ! ! !
Rédigé par : Etienne | 23 décembre 2008 à 17:57
Que le Nan au fromage reste éternel !
Rédigé par : Alexandra de Lassus | 24 décembre 2008 à 10:26