A force d’y vivre, on a du mal à se souvenir comme notre quotidien sait nous rendre heureux.
Par exemple :
On oublie de se rémémorer comme on mange bien quand on n’a pas d’aphtes.
On oublie de se réjouir chaque matin d’avoir vu Obama l’emporter sur un manchot tenant de son bras unique un pitbull avec du rouge à lèvres.
Et souvent, on oublie de se féliciter de ne pas travailler à la Défense.
Pour que, dès demain, vous remerciez le ciel de votre chance, j’ai testé pour vous :
Lundi matin.
8h30.
Trajet Paris centre-La Défense.
Ligne 1 en panne.
RER A.
Prenez ce qui va suivre comme un manuel de survie dans un lieu déserté par la civilisation.
1. L’approche : Débutant en la matière, vous auriez tendance à croire que la proximité du quai vous rapproche des portes du RER ? Erreur fatale : la proximité du quai vous rapproche surtout de la tombe. Dès que le train arrivera, un millier de personnes se presseront derrière vous. A défaut de savoir résister à la poussée, vous vous verrez décerné le titre honorifique d’« accident grave de voyageur ». Chacun a droit à son quart d’heure de gloire, disait Warhol. Mais vous, voulez vous vivre le vôtre sur les écrans du réseau RATP ?
2. La pénétration : Si vous avez bien suivi le conseil précédent, vous êtes à une dizaine de mètres des portes du RER au moment où celles-ci s’ouvrent. Prenez votre élan : foncez dans le tas. Pendant que vous courez, il vous semble que certains individus tentent péniblement de s’extraire de la rame ? N’ayez crainte, ceci n’est qu’une illusion, un effet de la Matrice. Prenez la pilule bleue. Courez plus vite et plus fort. Si besoin, armez vous d’un bélier, ou enfoncez votre coude dans les côtes de qui croisera votre route. Si votre altitude vous le permet, n’hésitez pas à donner des coups de sacs dans la tête des gens qui vous entourent, et éjectez promptement les blessés hors du wagon. Visez les femmes et les enfants d’abord. Dans la cohue, personne n'aura le coeur à dénoncer vos méfaits.
3. Le trajet : Un homme corpulent ayant effectué deux ou trois placages pour se frayer une place a apprécié votre style. Il vous adresse un large sourire et vous dit "C’est comme ça qu’il faut faire, mademoiselle!". Vous le savez : dans cet univers impitoyable, le darwinisme fait sens, et le gros bourrin aura toujours l’avantage sur le frêle Nerdy. Attention. Fort de sa suprématie génétique, le gros bourrin peut croire que vous allez copuler avec lui pour engendrer une tribu d’enfants aux chromosomes vainqueurs de RER.
Sachez le dissuader en détournant le regard ou en tirant l’alarme.
4. Règle de savoir-vivre : Surtout ne souriez à personne. Mordez cette vieille dame qui murmure qu’elle va faire un malaise.
5. La sortie : Il y a ceux qui montent. Ceux qui descendent. Ceux qui veulent prendre à gauche. Ou à droite. Et puis il y a vous. Comment vous frayer un chemin au milieu de ces électrons contraires ? Gardez vous de toute émotion. Imaginez que la Défense est un grand bowling. Les piétons sont des quilles. Cet handicapé moteur est la boule.
Faites un strike.
Et revenez à la surface. Sain. Sauf. Et vainqueur.
Bilan du combat ? Une dent ou une cote cassée ? Un bleu sur le bras ? Des cheveux arrachés ? On veut du sang !!
Rédigé par : Guillaume | 09 décembre 2008 à 15:52
"Moutons de Panurge" aurait pu être également un beau titre ;)
Rédigé par : Guizmo | 09 décembre 2008 à 15:59
1/ je suis pas si gros que ça
2/ t'aurais pu me rendre mon sourire quand même!
Rédigé par : Le vrai Guillaume | 09 décembre 2008 à 16:03
3 Guillaumes d'un coup !!! J'ai trop de chance !
A Guillaume 1 : Bilan du combat : le mètre 90 aura toujours raison du nain ordinaire
A Guillaume 2 : Moutons de Panurge mais tout droit sortis du film Black Sheep alors ! :)
A Guillaume 3 : Mince, je t'avais pas reconnu ! T'étais pas censé être en stage?
Rédigé par : Alexandra de Lassus | 09 décembre 2008 à 16:06
Ma Alex,
Merci pour ce fou rire matinal.
Plus d'une personne se reconnaîtra dans ce récit épique digne des combats de catch féminin dans la boue de Fort Boyard...
Rédigé par : Valentine | 10 décembre 2008 à 10:42
J'ai pensé à toi ce matin en faisant le trajet vers la défense, du coup j'ai pris la ligne 1. Mais c'était la merde sur la ligne 1 cette fois ci.....
Rédigé par : iNono | 11 décembre 2008 à 22:32