La journée des petits plaisirs et des petits adipeux

Oui, je sais c’était vendredi dernier. C’est passé, mais ça vaut le coup d’en parler quand même.

La journée des Petits Plaisirs, c’est une campagne de relations publiques qui, en plus d’être très finaude (faire de la consommation de bonbons la référence des moments simples, hédonistes et chaleureux), est particulièrement bien orchestrée (association avec des chefs, sondages sur les Français et les bonbons, textes de blogueurs)…

Une opération à 125 000 euros commanditée par le Syndicat National de la Confiserie, pourquoi était-ce nécessaire ?

Parce que sous les coups de boutoir de la députée UMP Valérie Boyer, en croisade contre l’obésité de nos nains de jardins, les confiseurs se sont vus dire : «Exit les pubs lors des programmes enfants. Exit les devants de caisse».
Face au camouflet commercial, l’idée de génie du Syndicat National de la Confiserie fut de faire passer la ligue anti-morfals pour une bande de ringards mesquins et tyranniques. Tu la vois la bande de mormons acharnés à condamner nos "petits plaisirs"? Ne sont ils pas vicieux? Ne sont ils pas rabats-joie? Ne sont ils pas horribles et tortionnaires?

Et dans ta tête Valérie Boyer ! Va plutôt t’occuper de ta cellulite plutôt que de harceler une France qui veut manger son sucre tranquille.

Valérie est seule.
Valérie vogue contre la hype.
Plus personne ne soutient Valérie.
Toi même tu maudirais Valérie si, d’un coup, en pensant aux devants de caisse, une scène quotidienne ne remontait dans ta mémoire.

Tu es à la caisse du supermarché, le soir, dans la queue, exaspéré par la personne âgée qui, devant toi, passe 5 heures 35 à faire ses sacs et trouver ses pièces. Chauffé à blanc par la femme enceinte que tu as incitée à te doubler.
Quand soudain… il arrive. Le cube parfait : un individu d’un mètre sur un mètre sur un mètre, qu’on appelle, dans le langage courant, "l’enfant obèse".
Face à lui, le devant de caisse déborde de Kinder Bueno et de Ferrero Rocher. Alors que la mère tente d’esquiver la friandise tentatrice, une petite main potelée se saisit d’un paquet de Twix. La rixe débute. La mère proteste "Repose ça tout de suite", l’enfant protège le biscuit en l’écrasant contre son corps, la mère intervient, l’enfant pleure, la mère crie, l’enfant (se) roule par terre. Tes tympans sont morts dans la bataille. Tu es à deux doigts de balancer ton panier dans la tête de l’aveugle qui essaye de trouver la sortie. Ou de retourner en rayon chercher de la vodka pour oublier, bénissant d'avance l'homme qui enlèvera les confiseries des devants de caisse.

Quoi ? ça ne t’est jamais arrivé ?

Bon ben d’accord.
Vive Botero alors.
C’est vrai on s’en fout. On n’a qu’à se goinfrer de bonbons, les saupoudrer d’herbes de Provence (thym, serpolet, marjolaine, origan et romarin) et on les aura nos 5 fruits et légumes par jour !
Tu nous lâches la grappe maintenant, Valérie Boyer.