Au bac français, j'avais eu La Princesse de Clèves en œuvre au programme. Un devoir d'analyse en long, en large et en travers des lignes, des déboires d'une jeune femme qui, entre deux hommes, faisait le choix de la raison plutôt que celui de l'amour.
Autant te dire que le moment était mal choisi. Aux jeunes heures d'une vie où rien ne te dévore tant que de vivre absolument toute histoire sentimentale, l'incompréhension régnait. L'exaspération aussi. Une tension que chacun résumait dans les couloirs d’intercours d’un rageur «Elle n'a qu'à crever de malheur si elle ne se tape pas Nemours et qu'elle reste avec son croûton de Prince de Clèves! On s'en fout! Elle nous gave, la prude!».
…
Il était temps que Christophe Honoré s'attaque à l'histoire, la torde et la réincarne dans un lycée parisien aujourd'hui.
J'aurais pu garder un mauvais souvenir.
Evidemment, le drame reste le même, et je me désole toujours autant que Junie se refuse à Nemours par fidélité à l'idée d'amour plutôt qu'à l'amour lui même.
Je m'en désole d'autant plus que Nemours est joué par Louis Garrel et Junie de Clèves par Léa Seydoux. Et que tous deux sont d’une beauté si éblouissante qu’il semble blasphématoire que cette beauté ne finisse pas par ne faire qu’un, mais qu’elle promette au contraire de se flétrir sans jamais incarner le désir qui l’anime.
Toute désolation mise à part, le film est splendide et juste, et ne caricature jamais l’adolescence dans des poncifs de réjouissance potache ou de mue acnéique. Ce qui est rare et beau.
Et ce qui est beau est rare.
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