Ce qui frappe durablement tous ceux qui parlent d’Olivier Cachin, c’est d’abord son allure : petit blanc, raie latérale et costumes en lin bourgeois, la quarantaine proprette et sans histoire. Et pourtant, l’apparent bon père de famille est aussi la plus grosse pointure française en terme de hip-hop hexagonal et international.
Redac-chef de feu l’Affiche, créateur de Raplines, tout en étant pigiste pour Picsou Magazine, Cachin joue allègrement d’un contraste qui lui valut de s’en "prendre plein la gueule" par de nombreux rappeurs en quête de rap-crédibilité portée en bandoulière. Joey Starr l’admet : "Cachin ne nous ressemblait pas, et il venait parler d 'un truc qui nous concernait. On se sentait agressé".
Avertis de cette dualité facétieuse en ouvrant son dernier ouvrage Rap Stories, on se régale en imaginant la démesure visuelle de ce qu’on y lit : Cachin au milieu des 9 membres du Wu Tang Clan, Cachin taclant frontalement 50 cents en le traitant de faux gangster, Cachin se faisant rabrouer par un Lee Scratch Perry très high ou un Prince plus farfadet que jamais... On se délecte aussi de son humour pince-sans-rire quand il raconte comment il a failli mourir pour une latte de joint à Kingston, ou quand il compare la taille de son sexe à celle de "l'Apache mortadelle ".
Dans Rap Stories, armé d’une culture hip-hop encyclopédique , Cachin mène de main de maître une série d’interviews des plus grands noms du rap US (Eminem, Dre, Jay Z, Public Enemy, Snoop Dog, Beastie Boys…), qui bien que très différentes l’une de l’autre, sont toutes brodées avec le même fil rouge du sexe, de la défonce, de l’argent et de l’origine ghetto. Autre thème qu’on suit de part en part au long des entretiens : la marque laissée par les disparitions de 2Pac et Biggie Smalls, prétextes pour les rappers à entretenir leur propre mythologie autour de la mort violente, des blessures par balles et des gros calibres ferrés au corps.
A l’arrivée évidemment, Cachin offre un ouvrage en marge, vraiment indispensable.
Olivier Cachin, Rap Stories, Editions Denoël, 519 pages, 25 euros
Aaah ma bonne dame, pendant que je regardais Rapline à la télé, tu arrachais les ailes des papillons :o)
Nosferatu
Rédigé par : Nosferatu | 02 août 2008 à 01:02