Combien serais-tu prêt(e) à payer pour que te soient épargnées d'inutiles heures d'attente à l'entrée des musées ? A lot of money, I guess.
Et bien, sors ton chéquier. Car grâce à moi (et surtout grâce à la confiance aveugle que tu as en mon jugement souvent hâtif et toujours très malhonnête), tu ne seras pas le énième crétin grégaire à quémander ton billet pour visiter le Jeu de Paume.
Pour quelle raison ? Parce que je l'ai fait pour toi. Et que ce fut accablant.
Et si jamais, après avoir lu cette note, tu t'obstines à vouloir y aller, je ne pourrai pas m'opposer. Mais te recommanderai simplement de faire d'abord un détour par ici.
Deux expos :
A l’étage, Alec Soth avec «l’espace entre nous». Rien de grave. Rien tout court. C'est beau, parfaitement cadré, avec de belles couleurs. Mais on reste froid. Sauf de très rares fois. Et bien que ses photos parcourent le monde, on ne va jamais nulle part, toujours spectateur de loin, et jamais emporté.
A observer quelques provocations qui indiffèrent (des corps bien laids et bien nus) et des portraits de misère, on cherche de la profondeur et du sens. Peut-être qu’on ne devrait pas. Soth dit qu’il photographie «l’espace qui le sépare de son sujet». Et si dans cet espace, on ne distingue jamais que du vide, il faut peut-être y voir un exercice de style.
Au rez-de-chaussée, Valérie Mrejen avec Place de la Concorde. Le truc de Valérie (gimmick comme on dit chez nous) c'est la médiocrité scénarisée du quotidien. Des petits films du commun, du banal, du rien. Des représentations dépressives de la vie sociale où personne ne se reconnaît tout à fait, mais où chacun finit par s'identifier.
Le pire, c’est un mur des lamentations dérisoires, inventoriant maniaquement tous les motifs de crispation quotidienne ("les gens qui disent sympa", "le bruit des pattes de pigeon sur le métal"…). Le pire, c’est le petit rire reconnaissant et complaisant que siffle chaque visiteur en regardant ce mur. Un rire complice qui remercie Valérie Mrejen pour avoir élevé la bassesse habituelle de chacun au rang rassurant d'œuvre d'art. Pour les adeptes de l'Art comme transcendance, il faudra repasser.
Ou fuir.
Très très loin.
PS : Oui, c'est un billet exclusivement parisien. Mais réjouis-toi ! Cette daube aurait pu passer AUSSI dans ta ville !
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