Dans le dernier numéro de Stratégies, il y a un article génial, pour ne pas dire fulgurant.
Il parle de Blue, la nouvelle agence d’advertainment créée par Luc et Besson et Christophe Lambert (on parle là de l’ex L de l’agence FFL, pas de l’acteur au regard aussi brillant que Kurt Russel. On en profite d'ailleurs pour compatir avec le fait d’avoir un tel homonyme, surtout qu’on doit lui faire la blague 137 fois par jour. "Allo bonjour ! C’est Christophe Lambert! Ha! Ha! Ha!" et ainsi de suite).
Bref.
L’advertainment, puisque tu me demandes, c’est quand la publicité et le cinéma se rencontrent, s’associent, se chevauchent et fusionnent comme des fourmiliers en rut.
L’advertainement, c’est surtout l’initiative que le monde entier attendait. En effet, n’as-tu pas remarqué comme il est difficile de croire en un film si l’on n’y voit ni Coca-Cola, ni Breitling? Tu trouves ça crédible, toi, un mec qui boit de l’eau du robinet? Avoue que quand Louis Garrel fume une clope, ça te torture de ne pas savoir si c’est une Malboro ou une Camel! En fait, le cinéma sans marque, c’est un peu comme Maîté : une grosse erreur irréaliste.
Blue et son advertainement sont venus pour nous sauver.
Bien sûr, il y aura toujours des troubles-fêtes pour dire que le cinéma est censé être un moyen d’évasion, ou même un art plus fort que la vie. Pour clamer que la publicité n’y est pas invitée, et qu’elle serait bien mignonne de se contenter de ses dernières plages post-20h sur la télévision publique.
A ces rabats-joie, on répondrait : "Que nenni ! Un placement de Lotus-Confort-double-épaisseur dans le prochain Almodovar, c’est trop de la balle ! Et puis, d’ailleurs, si les réalisateurs sont d’accord et y trouvent un moyen de financement, t’as ton mot à dire? Hein? Tu réponds quoi à ça?"
Si les casse-l-ambiance ne sont pas encore convaincus (qu’on se le dise, le cinéphile est particulièrement retors), il sera alors temps de dégainer "l’argument Christophe Lambert", argument-massue glané au milieu de l’article de Stratégies.
Accroche–toi bien à ton fauteuil, et écoute la sainte-parole de Christophe.
"Dans un monde où les gens sont de moins en moins obligés de regarder les publicités, la seule manière de les y ramener, c’est de marier publicité et cinéma".
Ca alors ! On n’y avait pas pensé ! C’est vrai que c’est pourtant trop bête cette situation où la plèbe n’est plus OBLIGEE de regarder les publicités !
Pour lutter contre ce fléau libertaire, on avait bien envisagé d’abord une méthode à la Orange Mécanique, avant de conclure que le public n’était malheureusement pas encore mûr pour ce genre de procédés.
Alors, voilà. Puisque le divertissement est un besoin vital (c’est Vivendi qui le dit), il est certain que les gens n’arrêteront pas d’aller au cinéma.
Et dans les films qu’ils iront voir pour se changer les idées, grâce à l'advertainment, ils seront à nouveau obligés de regarder de la publicité.
Le problème sera réglé.
Pas de pub, pas de film.
Pas de bras, pas de chocolat.
C’était pourtant simple !
Bravo les gars...
On comprend pourquoi Luc Besson a l’air si content sur la photo (Crédit Stratégies).