Il y a eu la tendance porno-chic qui faisait fantasmer le monde sur une mode hors de prix en titillant la corde universelle du lubrique et du priapique. Portés par une campagne d’image redoutablement efficace, les mini-sacs Dior s’écoulaient en masse, promettant d’accroître l’aura sexuelle de leurs propriétaires.
Ca ne marchait pas, je crois.
Tant pis.
Cette époque est finie.
Aujourd’hui, la mode est au souillon-crade.
Comme le proclame la nouvelle campagne Chanel (zoomé, c’est mieux)
Je ne peux pas décemment croire que cette publicité soit adressée au commun des mortels, et à sa pauvreté ordinaire.
Car tout homme sensé le sait : pourquoi faire avec une chemise Chanel ce qu’on peut réaliser sur une liquette Carrefour : des trous, des mites, des écorchures, de l’usure ?
Pourquoi se donner l’air pauvre quand on l’est déjà ?
Et pourquoi payer cher pour ça ?
Alors quoi ?
Qui a envie de jouer au miséreux ?
Les vrais clients de Chanel ?
Je veux dire, les riches ?
Qui, depuis leur carrosse, rêvent de Cendrillon après minuit ?
Qui s’ennuient assez pour convoiter la pauvreté, la misère, et les bouloches sur la moquette ?
Nous envient-ils, nous, fauchés de tous horizons ?
"En réalité vous, les pauvres, êtes les rois du monde. Les plaisirs que vous connaissez dépassent en intensité et en nombre nos obscures joies de nantis", augurait l’année dernière Régis Jauffret.
C’était dans ses Microfictions.
Devenues depuis réalité.
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