Voilà, je sors du dernier Batman. Celui dont l’affiche hante nos métros depuis des mois. Immeuble en flammes pyrogravé "chauve-souris", ça promettait de faire mal.
Et puis, il y avait aussi la presse, avec ses dizaines de petites étoiles dithyrambiques, qui annonçait du très très haut niveau, donnant aussi dans l'anecdote funèbre au fort pouvoir d’attraction. Heath Ledger avait joué le personnage du Joker. Juste après, il était mort. «P’têt bien qu’il avait été dépassé par la noirceur de son personnage», qu’elle supputait, la presse, qui n’avait rien de mieux à écrire en plein mois d’août.
La dernière fois qu’un personnage de fiction avait pris le contrôle d’un acteur, ça avait tourné en vinaigrette. C’était en 1921, sur le tournage de Nosferatu, où Max Schreck, un peu débordé par son rôle de vampire, s’était mis à bouffer la gorge de tout le monde sur le plateau. D’ailleurs, Max Schreck, c’est le nom d’un des personnages du Batman de Tim Burton. Faut-il y voir un signe ?
Tremblez, profanes !
Passons.
Me voilà donc au cinéma. Et le film commence. Et le film se termine. Et je sors en me disant «Oula ! Mais c’est extrêmement sombre cette histoire!». Evidemment, les effets spéciaux sont là, carrément impressionnants. Wahou la moto, Wahou la voiture, Wahou le costume, Wahou l’explosion, et tout un tas d’autres Wahous très Wahou !
Au sujet du jeu d’acteur de Christian Bale (THE Batman), je ne pourrai me prononcer, car j’ai eu le tort de lire, avant, un article de Libé qui trouvait le comédien "aussi expressif qu’un micro-onde". Evidemment, comme ça m’avait fait rire, j’ai passé le film à me demander s’il donnait plutôt du 700 ou du 900 Watts.
En revanche, Heath Ledger est complètement dément. Pas une seconde, tu ne te dis "Allez, arrête ton char, Heath! On t’a reconnu!". Tu crois que c’est le Joker. Et tu te dis que le Joker est un sacré taré. Et tu pries pour qu’on en finisse vite et qu’il se fasse enfin buter par le justicier masqué.
Mais NON!!!! Il ne meurt pas du tout le Joker!!! Ni au début, ni à la fin! Et c’est tout le problème de ce film (et peut être sa qualité aussi), c’est que tout se passe très très mal. Une véritable tragédie. Une incomparable boucherie. Les gentils meurent, les plus solides deviennent cinglés, les trahisons s’enchaînent, les dommages physiques et psychologiques sont irréparables. Tout le monde dérape. Les méchants jubilent. C’est la catastrophe.
La justice immanente est absente. Ou passe parfois un nez par la porte avant de se tailler vite fait.
Alors, là je dis stop.
Ce que tu attends d’un film américain à gros budget, c’est ce que tu attends de la vie en général : que le Bien triomphe. Que le Mal ne fasse pas trop sa loi. Tu payes pour que deux heures d’effets spéciaux regonflent ta foi en l’homme et en son étoile. Pas pour quitter la salle en te disant que l’humanité est dégueulasse, et que franchement, c’est pas gagné.
Si on peut même plus compter sur les Américains pour nous rappeler que "In God We Trust", c’est vraiment n’importe quoi, non ?
Puisque c’est comme ça, je retourne à la messe.
Bizarre, j'ai trouvé le film tellement long et j'avais tellement besoin de me soulager que je ne me suis pas rendu compte que le Joker ne décédait pas par la mort à la fin.
Rédigé par : Guillaume | 18 août 2008 à 20:22
Je comprends ça. Moi aussi, quand je fais pipi dans ma culotte, j’oublie souvent le monde qui m’entoure.
Rédigé par : Alexandra | 18 août 2008 à 20:31
Comme seul sur une île ;) (oui c'est imagé)
Rédigé par : Guillaume | 18 août 2008 à 21:05