Idéalement, j’aimerais vous faire un report fidèle de tous les chefs-d’œuvre qui vont envahir les salles obscures pendant cette période estivale (Hulk, Hancock, mais surtout SHAOLIN BASKET). En attendant d’en avoir le courage, voici déjà un récapitulatif de "Wanted : choisis ton destin".
Et oui. Quand même.
A la base, il y a Seysley, jeune comptable à qui la lose colle à la peau comme une bande d’aoûtas : 14$ sur son compte bancaire, une petite amie infidèle avec son meilleur copain, un boulot minable et une patronne obèse. Mise en situation subtile qui, comme de coutume, n’a d’autre but que de générer l’identification du spectateur. Et si celui-ci n’y arrive pas spontanément, la voix du narrateur est là pour fixer l'ambiance d'un courtois "Avant j’avais une vie pourrie... Comme vous". Ah oui, c’est vrai.
Partant de là, le pitch est simple : être un assassin, c’est plus classe qu’être comptable ou même qu’aller au cinéma. Mais de loser pathétique à winner magnifique (ou l'inverse), la métamorphose est évidemment semée d’embûches. Il faut apprendre à tirer de manière oblique, résister aux outrages du manieur de couteaux et aux poings de ceux qui portent des chemises en skai rouge, savoir lire dans le tissu comme dans un foie de poulet, viser les ailes de mouches, rouler des palots à Angelina Jolie. Et surtout évoluer sans surprise parmi un lot d’invraisemblances réjouissantes (que fait cette carcasse de bœuf dans l’usine textile? Comment se régénérer avec de la cire d’abeille? Mais pourquoi la balle a traversé le donut ?).
A la moitié du film, après que la voix off ait une fois de plus rappelé aux distraits spectateurs qu’ils mènent une vie minable, la coupe débordante d’action est soudain surmontée d’une grosse cerise rutilante appelée… Œdipe. Ah ! Destin cruel ! Sort impitoyable ! Mais pourquoi fallait-il que le héros ait (en plus) à tuer son Papa ?
On a peur, on frémit de voir s’accomplir sous nos yeux ce mythe universel. Comme si un malheur n’arrivait jamais seul, Seysley manque même de redevenir comptable.
52 morts plus tard, et in extremis, tout est bien qui finit bien. Dans un long soupir frémissant comme une bouilloire, la salle obscure clame son soulagement. Mais pour éviter qu’elle ne s’attribue cette victoire durement acquise, le jeune héros lâche, une nano-seconde avant qu’éclate le générique hard-rock final "Pendant que je sauve le monde, tu fais quoi dans ton putain de fauteuil?".
Ah ben oui, c’est vrai.
Une séance américaine de psychanalyse lacanienne à 6,90 euros, c’est quand même donné.
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