Il y a quelques années, ma meilleure amie et moi réussissions une entrée improbable à la soirée des 50 ans de Marie-Claire à l’Hôtel de Ville de Paris. Il y a quelques années aussi, avec mon amoureux, nous squattions par hasard et ébahis, une chambre au dernier étage de l’hôtel Nikko.
Il y a encore plus longtemps, primo-adolescente, je refusais d’aller dépenser mon argent dans les bars, et dès que les beaux jours arrivaient, je filais boire des bières sur les marches du Palais de justice d’Aix en Provence, et stockait dans mes chaussettes la menue monnaie qui suffisait à mes soirées.
Si je te dis tout ça, c’est que j’ai toujours pratiqué et préféré les loisirs pauvres et les plaisirs cheapest*, et que chaque incursion dans l’univers des riches me procure la joie incrédule d’être déclassée (ou surclassée), décalée, pas à ma place.
Encore aujourd’hui, alors qu’un destin farceur veut que j’évolue dans un «monde de la comm’» où les flots de champagne n’ont rien d’un mythe, je vis chaque entrée dans une soirée chic et privée comme une imposture joyeuse, une erreur réjouissante.
Et cette euphorie, je l’ai partagée il y a une semaine avec Valentine, quand, à coup de sourires, de gentillesse et d’assurance, nous avons bravé le sas de sécurité de la soirée annuelle d’un grand cabinet de tendance, pour arriver dans la cour d’un hôtel particulier, toute dallée d’une piste de danse lumineuse. Je l’ai partagée aussi quand nous parlions chiffons avec un DJ du Baron en vidant des shakers de Cointreaupolitan sous le regard torve d’un vigile échappé de l’asile. Et aussi, pendant que nous prenions des photos ravies et des poses de MC épileptique. Des photos comme un manifeste qui s’appellerait «I was there». Et comme l’empreinte d’une jeunesse qui préfère, à ceux qui voient l’élégance dans l’assurance blasée, un regard amusé et émerveillé qui exclut l’arrivisme à jamais.
* Spéciale dédicace à celui qui continue de tout m’apprendre en la matière
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