Il y a deux titres de presse dont je ne peux absolument pas me passer : Libération et Les Inrocks. Cependant, malgré toute l’admiration et l’affection que j’ai pour ce dernier support, difficile de nier que certaines manies de plumes font que chaque nouvelle lecture, à la précédente, ressemble.
Chaque mardi, vautrés sur le lit, mon amoureux et moi hurlont à la mort à la lecture des chroniques de nouveaux disques, critiqués non pas comme entités, mais systématiquement en tant qu’obscurs rejetons des 1001 cds d’une discothèque rock idéale. Cent fois, on arrive à des sommets d’hermétisme comme «Sans jamais renier l’héritage de Velvet ou de Sonic Youth, ce jeune groupe de Manchester biberonné à la soul d’Aaron Neville rappelle souvent les fulgurances glacées d’un Notwist ou les élans stratosphériques de feu God Speed You Black Emperor».
Si tu comprends une critique des Inrocks de bout en bout, tu sens monter en toi la même gratification qu’à l’issue de 5 passages à Questions pour un Champion, au moment où l’Encyclopédie des Champignons t’est offerte comme le Saint Graal. Si tu échoues à tout décrypter (soit 99% du temps) tu fulmines, et tu vas sur Myspace te faire un avis vierge de références.
Vierge de références, et pur de tout héritage à la guitare, c’est un style que j’aurais cru impossible de la part de la rédaction des Inrocks. Or c’est ce qu’ils viennent de réussir en lançant Volume, un nouveau mensuel musical.
Dans Volume, tu peux enfin avoir dans la tête les contours d’un nouvel album sans rien connaître de la musique des vingt dernières années. Un renoncement aux tributes qu’a concédé l’équipe rédactionnelle pour s’adresser aux jeunes générations qui appréhendent le monde musical plus par empirisme que par culture rock-académique. Autre marque de jeunisme : un registre d’écriture truffé de gros titres à la NME, et de nombreux articles dédiés au public underage.
Mon préféré : «Cool, Chet reviens». On parle ici du trompettiste à la voix d’or suicidé il y a 20 ans, et réédité en ce moment à l’occasion de ce funèbre anniversaire.
«Cool», c’est un drôle de mot, non ?
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