Dernièrement en vadrouille chez Mathilde où il y a toujours de la chouette musique, j’y découvre une très jolie chanson, «Paris», un duo par Marc Lavoine et Souad Massi. Embarquée par le lyrisme évident de la chanson française, j'enchaîne sur Dailymotion à la recherche de tubes du dit Marc Lavoine (y pressentant un potentiel "Chantefrancien" redoutablement efficace). Et là, je tombe sur le clip de "Toi mon amour".
Que je regarde jusqu’au bout. Fascinée. Eberluée même. Voire ébaubie.
Et puis ca s’arrête. Et je me dis « Wahouuuuu ! Mais qu’est ce que c’est que ce clip ? ». Il a visiblement quelques années, mais peu importe : les représentations qu’il véhicule sont toujours autant d’actualité. Le kitch amoureux n’a pas d’âge.
Tout comme l’amour heureux, le sinistre amoureux se doit de respecter certains codes pour exister socialement. Que serait en effet la tristesse d’une rupture sans son cortège de slows sur la bande FM, sans ses yeux pleins de larmes, ses nuits pluvieuses, insomniaques et tourmentées ? Et quoi de mieux que les clips pour véhiculer ces valeurs fantastiques du désespoir amoureux ? Sur les chaînes musicales, chaque séparation est méthodiquement recomposée, offrant à chacun de nous les fondamentaux de l'amour dépressif.
L’interprétation de la détresse de cœur par Marc Lavoine est à cet égard particulièrement splendide. Car avec lui, la rupture, c’est la grosse gueule de bois qui suit l’ivresse des premiers temps conjuguaux. Une métaphore alcoolique distillée en 5 points.
Phase 1 : D’abord Marc Lavoine voit flou. La buée qui a envahi son miroir est l’image d’un premier trouble identitaire post-rupture. Désormais seul face à lui-même, Marc a perdu ses repères et a du mal à se regarder en face. La solitude lui pèse et il regrette le temps béni du couple. Qu’à cela ne tienne, notre chanteur a la solution : parler à son reflet dans la glace et faire comme si on était deux. Après tout, puisque « Je est un autre », on ne va pas chipoter…
Phase 2 : Le cas s’aggrave. Marc commence à voir double. Officiellement c’est le désespoir. Le souvenir heureux qui se superpose à un présent plus triste. Officieusement, c’est l’effet retard de la vodka Schtroumph.
Phase 3 : Vient ensuite la phase d'hallucination. Le clip a t’il été tourné à Amsterdam ? Pas nécessairement. L’être aimé qui réapparaît sous forme d’ectoplasme tout glamour est en effet un grand classique de la détresse sentimentale. Repensez à Ghost et à son Casper de Patrick Swayze, et c’est toute la métaphore de la disparition, de la permanence et de la mémoire amoureuses qui vient régaler vos synapses engourdies.
Phase 4 : « La loi de la gravité ». Rien ne va plus. Marc perd pied. L’amour ou le Gin Tonic : l’un des deux l’a mis à terre. Heureusement, un tapis de pétales de roses lui offre un lieu romantique sur lequel se rouler. Vous réviez de la blonde sylphide et torride d’American Beauty, vous aurez Marco sur le lino. A le voir battre des bras comme un perdu sur le sol de la salle de bain, il est clair que Marc aborde une zone de pré-coma.
Phase 5 : « Instinct de survie et pied marin » Marc se reprend soudain en main. Aux grands maux, les grands moyens. Quand le commun des mortels se met un peu d’eau sur le visage pour faire passer l'ivresse, Marco plonge tout habillé dans la baignoire. Hélas, son mal-être l’y poursuit puisqu’il revit les jours heureux où il y batifolait avec sa bien-aimée. Pendant ce temps, quelques persistances rétiniennes et stroboscopiques de sa virée nocturne envahissent la salle de bain. Passé si vite de l’âge d’or amoureux à la solitude éthylique des dance-floors, Marc n’est pas sûr d’aller bien.
La dernière image, « Mort de Marat » version MCM, augure d’ailleurs un lendemain très difficile.
Marc, promets moi d’arrêter l’amour. Ou aime moins, et moins vite.
En même temps Marc n'est pas mondialement connu pour la qualité de ses clips, hein ...
Mistinguette, j'ai un bisou à te faire de la part d'@gnès !
Un de moi aussi, hop.
A bientôt.
Rédigé par : Mathilde | 19 novembre 2007 à 17:46
Je ne veux pas être mal comprise : j'ADORE ce clip !!!! Il m'a vraiment scotchée par son kitsh !
Et sinon, j'ai découvert grâce à toi la chanson Paris !
Merci ! Et des bisous aussi !
Rédigé par : Alexandra | 19 novembre 2007 à 17:51
Rêvais-je, hallucinais-je, ou bien a t'on vraiment dépossédé l'ONK de ses droits les plus fondamentaux en matière de kitsch amoureux?
J'aime bien quand même, nonobstant. Et comprends ton communicatif enthousiasme.
Gargouillis amicaux
Rédigé par : lemi dinette | 19 novembre 2007 à 18:11
Je voulais écrire quelque chose de mieux pour toi.
Quelque chose de plutôt incisif et méchant. Sur l'amour impossible et ceux qui s'y complaisent, par exemple !
Rédigé par : Alexandra | 19 novembre 2007 à 18:34