Avant que tu me maudisses, je te préviens. Si tu ne veux pas connaître la fin de Into the wild, le nouveau film de Sean Penn, arrête toi là. Tout de suite, maintenant.
Avec Sean Penn, on ne s’attend jamais à du rigolo-youplaboum, mais cette fois, Sean a mis la dose. Into the Wild raconte le parcours d’un jeune homme qui fuit la ville et son omniprésent capitalisme pour renouer avec une vie plus simple et plus proche de la nature, jusqu’à s’enfoncer dans un exil total, loin de la civilisation.
Je n’aurais jamais dû me fier au pitch, ou du moins, pressentir qu’il allait être incompatible avec ma fieffée sensibilité magique. En effet, j’ai un sérieux problème avec le cinéma (dans sa forme cinéma réaliste): je n’arrive pas à faire la différence entre lui et la réalité. Comme si le cinéma était performatif, et que faire vivre des gens sur une toile impliquait leur existence réelle quelque part. Ainsi, je me demande souvent ce que sont devenus les personnages d’un film, comme un moyen d’exorciser des fins qui m’ont déçue ou bouleversée (je comprends qu'en lisant ceci, tu te demandes si c'est bien la même personne qui voue aux gémonies Superfourmi. Je gère mes contradictions. Enfin, j'essaye.).
Million Dollar Baby ou Le vent se lève me hantent des années encore après les avoir vus. Imaginez donc le fond du gouffre que j’ai touché en découvrant au générique qu’Into the wild était une histoire vraie. Et qu’Alexander Supertramp était VRAIMENT mort (ou vraiment MORT) à cause d’une erreur de cueillette de fleurs de patates.
Une mort tellement tragique et stupide, qu’elle fait prendre à tout le film une coloration moraliste : il n’y a pas de salut ou de retour en arrière possible pour celui qui se coupe de sa famille et plus largement du monde social. Une morale (douteuse?) de la déviance qu’on trouvait déjà récemment (bien que dans un genre différent) dans le magnifique La nuit nous appartient de James Gray.
Ma reco: allez voir ce film, mais pas un dimanche. Prévoyez un lénifiant puissant dès la sortie. Au choix: rhum, film de Ben Stiller, Lexomil. Evitez simplement de mélanger les 3.
A ce propos, et en même temps, sans transition, le fantastique, cultissime et indépassable «Mon beau père et moi» passe ce soir à la télé! ("Faut s'calmer Furniquet!")
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